We're drifting down to the other side - Vélérya&Achil.

Inspi

Je l'avais ressenti, sa peur, bien avant le commencement, son ventre qui se serre, ses entrailles qui s'embrasent, sa gorge qui se noue, tout cela je l'avais vécu comme mes propres émotions. Ainsi, lorsque son hurlement résonna dans mon crâne, j'étais déjà en train de m'éclipser pour atterrir dans la ruelle qui était le théâtre de son calvaire. Deux démons se tenaient au dessus d'elle, blessée et sans expérience, elle tentait de ramper sur le sol tandis que l'un des assaillant créait une boule d'énergie dans sa paume. Aussitôt, j'agrippais le couvercle d'une poubelle à côté afin de m'éclipser devant elle et même si le métal prit la partie mortel, le choc m'envoya rouler plus loin où mon bras s'écorcha sur la longueur et mon souffle se coupa quand le rebord de ma tête heurta le trottoir. Sonné, j'entendis son cri comme étouffé dans du coton et tremblant, je tentais de me relevais avec peine, mon corps ne réagissant presque plus aux ordres envoyés par le cerveau. Ma vue revint alors, trouble, mais je devinais plus nettement le contour d'un des démons qui se tordait de douleur sur le sol, un coup d’œil m'indiquait que l'autre avait disparu comme volatilisé. En m'appuyant sur la poubelle derrière laquelle j'avais atterri, je me relevais avec son aide et ne pu distinguer sur le moment qu'une silhouette toute de noire vêtue, face au démon agonisant sur le sol. Mais tel le bon petit gardien que j'étais, je me trainais avec grande difficulté jusqu'à ma protégée et me laissait tomber près de son corps blessé. Apposant mes mains sur la plaie qui suintait méchamment sur son estomac je m'appliquais à la guérir avec une efficacité que je n'avais plus à prouver. Si au début ses yeux pleins de larmes étaient posés sur moi, elle les déplaça sur notre sauveur et son visage vert vira au blanc linge alors qu'elle tentait de bouger pour reculer me faisant grommeler.

" Arrê- "
" LAISSEZ NOUS DEMON! " cria-t-elle, encore.

Aussitôt, mes pupilles se déposèrent sur celui qui nous avait aidé pour... Mon coeur cessa de battre et les veines sur mes tempes semblèrent grossir obligeant le sang à battre dans mes tympans, me rendant sourd du monde extérieur. Putain de destinée de merde, c'était tout ce à quoi je pouvais penser tandis que j'agrippais la jeune sorcière agitée dans l'espoir de m'éclipser avec elle loin de mon passé qui faisait maintenant un pas dans notre direction.

" Non, non, non, non, non, non- "

Je répétais ce mot comme une prière tandis que je tentais de m'éclipser avec elle. Mais le coup au crâne et le sang coulant maintenant dans mon oeil droit m'empêchait de me concentrer. Mes émotions se mélangeaient et mon côté banshee quémandait à manger me rendant plus irritable, moins concentré et sans même m’apercevoir de mon geste, alors qu'il était bientôt à ma hauteur, mes doigts se refermèrent sur le poignard que mon père m'avait donné et qui ne me quittait jamais et d'un mouvement plus vif que je ne l'aurais imaginé dans mon état, je le plantais dans la seule partie de son corps visible dans mon champs de vision, son mollet.

" Approche moi encore, et je te le plante dans l'oeil... " susurrais-je méchamment en arrachant aussitôt l'arme de la chaire sans le regarder une seule fois, essayant encore et encore de trouver la force de fuir une situation qui m'échappait.

Mais alors que rien n'y faisait, ce goût entêtant revint chatouiller mes palais, comme si je pouvais actuellement croquer l'air qui me l'amenait, cette tristesse enivrante dont une partie de moi souhaitait se nourrir si fort. D'où venait-elle. De la sorcière... De lui...? Mes pensées se firent plus tonitruantes, tourbillonnantes, le sang battait toujours dans mes tympans et je n'avais qu'une envie, hurler. C'est pour cette raison que, lorsqu'il fit mine de s'approcher une nouvelle fois, je me jette sur lui dans un silence mortuaire, bloquant mes propres cordes vocales par peur... Ou amour? Ridicule. Avec dextérité, je l'amène à terre et le surplombe quand mes yeux rencontrent finalement les siens, si clairs. Les émotions reviennent, celles que j'avais enterré avec les souvenirs et le cri remonte un peu plus dans ma gorge que je tente de ravaler coûte que coûte.  

" Donne moi une seule bonne raison de ne pas te détruire... "

Je me voulais menaçant mais cela sonnait plus comme une supplique, une demande, et le cri poussa un peu plus son chemin, mon regard s'embruma d'un liquide que je ne laisserais plus couler. Mon visage s'abaissa sur le sien.

" De ne pas tuer un connard de ton espèce... " crachais-je nez contre nez.

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Son cou se tend et il appuie un peu plus sa peau contre ma lame déjà tâché de son sang me rappelant pourquoi j'avais sombré aussi vite dans ses bras, pourquoi sa passion m'avait toujours aveuglé de tout le reste. Parce qu'il était toujours prêt à tout rien que pour m'arracher un baiser sucré, comme un gamin redemande sa sucette favorite et j'étais assez abruti pour y croire. Et que je le suis toujours et le serait certainement à jamais, prisonnier de ce qu'il m'a fait découvrir et que je n'aurais plus jamais. Ma poigne sur l'arme se fait plus lâche lorsque sa main remonte sur ma hanche et malgré le tissu je pourrais presque croire que ce toucher me brûle, comme c'était toujours le cas. Et juste avec cette légère étreinte, le cri se tait et mes émotions s'écartent pour ne laisser place qu'à ce simple sentiment pourtant si compliqué. Son souffle se mélange au mien et dans un instant de faiblesse je sens mes forces me quitter comme pour m'obliger à me baisser, de seulement quelques millimètres afin de détruire cette distance qui s'est installé au fil des années. Et je le fais presque, mes lèvres effleurant les siennes seulement ses mots me reviennent comme une gifle, me rappelant pourquoi je le hais tant maintenant. Parce qu'il a été le seul à pouvoir me briser autant qu'il est le seul à pouvoir me rapiécer.

" Comme tu m'as aimé pour mieux me déchirer? " soufflais-je contre lui.

Finalement, avec tout le courage émietté qu'il me reste, je quitte sa chaleur afin de me relever, chancelant dangereusement mais me rattrapant finalement, droit sur mes appuies et seul. Plus que je ne l'ai jamais été avec lui si proche. Cela ne me rappelle qu'à quel point il est loin. Dans mes entrailles j'ai envie de croire qu'il n'a jamais voulu nous faire cela, qu'il n'a jamais cherché qu'à me protéger mais je sais qu'il n'en est rien, que je ne lui conviendrais jamais. Trop droit, trop bon, trop con. Je range le couteau dans la poche arrière de mon jean et me repenche sur ma protégée toujours allongée au sol, les mains sur sa blessure me regardant avec ses grands yeux de biche, ne devant certainement rien comprendre. Avec douceur, je pousse ses mains pour apercevoir que le peu que j'ai soigné a suffit à cautériser la plaie qui ne saigne plus ce qui est déjà une veine. Mon égoïsme aurait pu la perdre et j'aurais été dans de beau draps. Je l'agrippe alors à nouveau et me tourne une dernière fois vers celui qui a arraché mon organe vitale pour l'emporter avec lui une rude nuit tandis que je hurlais son nom. Le suppliant de revenir.

" Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même Achil. Tu avais une chose à perdre avant... "

Ma voix se perd dans un murmure à son égard et avec le peu de force que je réussis à grappiller en mon sein, je m'éclipse avec la sorcière afin de la ramener chez elle.

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C'est quelques heures après cet événement que je rentrais finalement dans mon petit appartement contenant maintenant trop de souvenirs pour mes myriades fatiguées. Après m'être éclipsé et avoir soigné la petite j'étais désormais vidé de toute énergie et la blessure sur le côté de mon crâne ainsi que sur mon bras me brûlait atrocement, l'adrénaline passée. Et je me serais bien traîné jusqu'à la salle de bain si ce n'est les tournis qui me forcèrent à littéralement m'effondrer tête la première sur le canapé. Et peut-être était-ce mon état qui m'avait empêché de faire attention à sa présence dans la pénombre du coin de mon salon, près de la fenêtre qui ne se fermait jamais à clé et que je devais réparer depuis des années maintenant sans jamais l'avoir fait. Dans l'espoir idiot et incertain qu'un jour je le verrais repasser sa tignasse charbon par là, le sourire au lèvre me faisant râler en lui demandant pour la énième fois de toquer à la porte d'entrée comme tout être civilisé. Néanmoins, toujours alerte à cause du métier qu'on m'a inculqué, le bruit qu'il fait en s'approchant m'oblige à relever le visage que j'avais enfoui dans un des gros coussin pour focaliser ma vision sur sa posture nonchalante, comme si il n'était jamais parti, comme si revenir ainsi était un droit.

" M'oblige pas à me lever pour te botter le cul hors de mon appart'. " menaçais-je sans pour autant bouger d'un poil.

Mon corps fatigué et ma tête endoloris, je n'avais juste pas la force de faire quoique ce soit et encore moins me battre. Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres quand je le vois immobile prouvant qu'il ne compte pas bouger de si tôt.

" S'il te plaît...? " rajoutais-je alors en suppliant avec un voix d'enfant avant de replonger mon visage dans le coussin.

Bien, s'il ne comptait pas bouger, je n'avais qu'à l'ignorer jusqu'à ce qu'il parte. Et à l'instant présent, cela me semblait être le meilleur plan de toute ma vie.  

Inspi

Malgré l'inquiétude qui suinte de ses paroles, mon visage quitte à nouveau le tissu étouffant du coussin pour le regarder et dans un froncement hargneux je lui crache au visage:

" Même dans mon état je te lamine bouseux. "

Mais les paroles sont dénués de véritable haine, comme un mauvais acteur qui tente de jouer la comédie, ça tombe à l'eau et j'en rirais presque si je ne m'efforçais pas de garder ce visage impassible pour ne pas lui montrer la peine qu'il me fait ressentir, l'envie de tomber à genoux, prendre son visage entre mes mains et le supplier de me revenir.
Finalement il pose son, majestueux, fessiers sur la table basse, me faisant face et si je n'étais pas autant en détresse, j'aurais pu prendre le temps de contempler ces cuisses que j'ai tant adoré agripper et mordre, et comme aujourd'hui elles ne doivent plus avoir aucune trace de mon passage, effacé... La rancoeur revient au galop et lorsqu'il demande une nouvelle fois que je tende mon bras, je lui feule presque dessus en lui montrant les crocs et ramène ma blessure contre moi, la gardant jalousement contre mon torse.

" Va te faire enculer Achil. "

Ma verve ne se tarit pas devant ses beaux yeux qui à force de me dévisager m'arrache une rougeur qui vient teinter mes joues dans une chaleur qui me fait froncer les sourcils. Me voilà donc une vierge jouvencelle devant son petit crush. Ridicule. Je continu à marmonner des insultes dans ma barbe en me reculant un peu plus dans le canapé sans compter sur sa main qui se pose avec délicatesse sur mon épaule, m'arrachant un frisson, d'un simple geste. Ridicule x2. Agitant alors mes mains vers lui, je le force à retirer son contact et met même un coup sur son genoux, coup qui ne sert à rien vu ma force présente. Ai-je besoin de préciser encore une fois à quel point je me sens ridicule?

" Alors déjà, juste pour te faire chier, cette fenêtre, je la réparerais jamais, tu sais quoi? J'vais même la laisser ouverte si ça peut t'empêcher de fermer l’œil. Et puis je vais parfaitement bien merci! Je me porte comme un charme, tu peux partir! "

Tout en déblatérant mes idioties, je me lève d'un bond pour m'étaler aussitôt sur le tapis que je le remarque maintenant de près, a désespérément besoin de nettoyage. Ce qui me fait penser... La dernière fois qu'il était présent et que j'avais la gueule sur le tapis c'était une nuit torrid- Pas besoin de penser à ça, et encore moins en le sachant à proximité.

" Pour ta gouverne je ne viens pas de tomber, je me suis simplement allongé... Sur le sol... Avec violence... Alors tu sais. Tu peux partir. "

Avec difficulté, je me force à rouler sur le dos pour ne plus avaler la poussière qui traîne sur le sol, reflet de mon état personnel et observe sa prestance sans rien faire, me demandant combien de temps encore devrais-je passer avant de juger quelqu'un à sa hauteur, digne de me donner à lui. Mais à nouveau, monsieur ne daigne pas se bouger les miches me faisant pester.

" Tu veux bien dégager oui?! Tu pollue mon air!! "

Si toute cette situation était ridicule, ça tombe dans l'idiotie quand je chouine presque ces mots en bougeant mes jambes comme un caprice de gosse. Mais rien ne tourne rond en ce moment et encore moins lorsque j'ai l'objet de mes convoitises tout proche et pourtant à trois mètres de distance, qui ne me tient pas dans ses bras en murmurant que tout ira bien et j'ai juste envie de chialer parce que la vie c'est de la merde. Le silence s'installe, lourd de non dit et je comprend finalement que je gagnerais rien ce soir. Un nouveau soupir, le énième, s'échappe d'entre mes lèvres rouges de les avoir mordu nerveusement et je finis par tendre mon bras sur le côté, vers la table basse où il est toujours assit.

" Très bien mais rend toi au moins utile et va me chercher un verre de whisky j'en ai besoin. Après ça tu pourras prendre tout le temps que tu veux pour mater mon bras. Et ne t'AVISE pas de me toucher tant que j'ai pas ce verre ou je te jure je te mord les couilles et tu sais que je peux le faire! " râlais-je en fermant les yeux pour prendre une grande inspiration et finalement tenter de me calmer.

Ce n'est qu'un ex comme un autre qui veut prendre soin de moi, c'est tout, un ex... Démon... Canon... Que je veux toujours. Et merde, fait chier.   

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Les yeux toujours fermés, je ne vois pas la chose arriver et d'une seconde à l'autre, je me retrouve étouffé par son poids qui écrase mon ventre et me fait grimacer tandis que mes poignets entre ses mains sont enserrés avec ferveur. Mais ces derniers mots brûlent toujours mon coeur même si je refuse toujours et encore de me mettre à chialer devant lui parce qu'il ne mérite plus aucune de mes larmes. Mais il pousse, encore et encore. Ses lèvres frôlent les miennes et il ouvre comme une vanne en mon être, les souvenirs défilent, tous plus douloureux les uns que les autres et finalement l'imagination me joue des tours, remplaçant mon visage par une multitudes d'inconnus parce qu'il a su où appuyer pour faire mal, parce qu'il me connaît mieux que quiconque. La tristesse se fait plus tangible dans l'air et avec amertume je me demande si il m'a jamais réellement aimé. Et tout se crispe un instant, ma respiration se bloque, une larme non retenue glisse du coin de mon oeil avant de s'échouer sur le sol, attirée par la gravité. Et puis tout implose, mes pupilles prennent une teinte bleus pétillant, mes lèvres s'ouvrent et un hurlement s'en échappe. Un cri strident qui vrille les tympans, crépite le long des murs et dans une explosion, détruit chaque verre sur l'étagère de la cuisine, puis les deux vases explosent et dans un bouquet final les fenêtres sont détruites éclaboussant le petit appartement de milliers petits morceaux de verre.

Et aussi impromptu qu'il a commencé, il se tait, mourant dans ma gorge en un soupir douloureux. Bizarrement, un regard le confirme, il n'a rien, toujours vivant, seulement un peu secoué? Peut-être? Ce qui est sûr, c'est que profitant de sa surprise, je me soutirais à son emprise, le coeur plus meurtri encore que cette fameuse nuit parce qu'il était si tentant, faisant fi de leurs passé, me faisant miroiter un nouvel avenir, une nuit de plus, un espoir que je savais vain et je ne pouvais le supporter. M'éloignant au possible de lui, je me réfugie dans un coin de la pièce comme effrayer par tout ce qu'il peut représenter et bien plus. Effrayer parce que je sais que je replongerais si facilement.

" Ne me touche pas... Pas après avoir touché d'autres- " ma voix se brise dans ma gorge accompagné d'un sanglot et j'ai l'impression de ne plus rien pouvoir contrôler parce que la douleur est trop vive et la passion trop tangible.

D'autres larmes roulent silencieuse que je n'arrive pas à retenir parce que depuis qu'il est parti, je n'arrive plus à rien retenir, tout devient n'importe quoi et je n'ai plus rien à quoi me raccrocher. Parce qu'il a creusé un trou pour se faire une place dans ma vie et que depuis son départ, rien ne l'a rebouché si ce n'est l'alcool qui ne dure pas.

" Tu n'as pas le droit de revenir comme si de rien n'était... TU N'AS PLUS CE DROIT SUR MA VIE! "

Avec une force dont je ne me sentais même pas capable, je me relève comme pour m'auto appuyer, pour appuyer mes paroles qui n'ont aucun sens quand j'ai envie de le supplier de me reprendre, comme il l'a dit; Comment avant. Mes bras se croisent sur mon torse, comme un gilet pare balle que j'enfilerais pour me protéger mais de quoi même? De mes propres sentiments des siens que j'aimerais à nouveau connaître?

" Assez important pour toi... Et pourtant tu as été capable de me briser alors je sais de quoi tu es capable oui. "

Toujours les bras croisé, je fais quelques pas doucement et tangeant qui me mène jusqu'à la cuisine où je sors du frigo une bouteille de vodka, les verres que je vois brisé me font hausser les épaules et après l'avoir débouché je prend une grande gorgée brûlante qui me fait autant de mal que de bien. J'essuie mes yeux rouges qui ont reprit une couleur normale et soupir à nouveau.

" Je te le demanderais une dernière fois. Va-t-en. S'il te plaît. " Par rapport aux autres mots, ces derniers sont lâchés avec épuisement parce que je ne peux plus. Parce que je refuse d'y croire encore quand je me suis déjà fais avoir et que cela me hantera à jamais.   

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Mes mains se serrent sur la bouteille de vodka que j'aimerais tant regoûter mais ma blessures à la tempe m'empêche de le faire pour me préserver, ne serait-ce qu'un peu. Et puis ma gorge nouée ne ferait que me faire régurgiter le liquide aussitôt. Mais à nouveau il décide d'ignorer ma supplique et je sens sa main glisser dans mon dos, à nouveau dans une brûlure dont je ne peux me défaire, profitant de cette ultime caresse. Et puis ses paroles s'enroulent dans l'air et m’étreignent sans que je ne m'y attende, ce surnom me percute de plein fouet encore plus que les révélations qui suivent. Et je suis loin de tout comprendre parce que c'est confus, aussi mystérieux que son porteur l'a toujours été mais elles me permettent de me demander pour la première fois ce qui s'est réellement déroulé dans sa caboche lorsqu'il est partit sans préavis. Et de douter que peut-être, au fond, j'avais raison, que tout cela n'était qu'une connerie pour en cacher une autre. Mon coeur que j'avais réussi à recoudre difficilement, se fissure, son baiser sur l'arrière de mon crâne, le brise encore un peu et finalement ces excuses soufflés achève d'exploser mes défenses tandis que je dois prendre appuie sur le comptoir pour ne pas choir, ne pas lâcher prise.

Et je résiste, réellement, de toute mon être pour ne pas le poursuivre, ne pas le stopper, ne pas le reprendre. Mon être hurle et mon coeur se débat comme il peut pour le rejoindre, me coupant la respiration. Je résiste, du mieux que je peux avant de craquer. Mes pieds se déplacent seuls, mes jambes suivent le mouvement et avant qu'il ne puisse ouvrir la porte, ma main l'agrippe pour le tourner vers moi afin de joindre nos corps dans un mouvement agile. Et mes lèvres retrouvent les siennes avec aisance, comme si elles n'avaient jamais passé une année éloignées. L'embrasser... C'est comme rentrer chez moi après tant de temps, c'est comme respirer après en avoir perdu l'usage, c'est me retrouver.
À bout de souffle, je romps l'échange sans jamais quitter cette étreinte qui me complète et dans un mi sourire, je murmure contre lui:

" Tu n'es qu'un imbécile... "

C'est tout ce que j'ai le temps de dire avant de m'obliger à re capturer ses lèvres en passant finalement mes bras autour de son cou, mes mains s'appuyant sur ses épaules pour me soutenir, mon corps encore trop faible. Le baiser emplit de douceur se transforme pour laisser place à une passion grandissante que je finis par me permettre de ne plus cacher. Mon corps se colle un peu plus au sien si c'est possible, cherchant à évincer la moindre parcelle de distance entre nous, n'en ayant que trop eu ces derniers mois. Lorsque je sens mon souffle s'accélérer m'empêchant de respirer correctement à travers le baiser, je le romps à nouveau, les joues rouges et le regard embrumé par le désir.

" Achil Danaé, si vous ne m'emmenez pas immédiatement dans la chambre pour me faire oublier vos autres aventures, je ne répond plus de rien! "

C'est balancé dans un rire tandis que je fais un pas en arrière, toujours en m'appuyant sur lui, l'entraînant avec moi sur une route qu'il ne doit connaître que trop bien. Parce que c'est plus facile que discuter et que je ne le connais que trop bien, sachant pertinemment que le bout d'informations que j'ai reçu sera le seul avant un long moment, tant que je n'aurais pas enquêté et creusé pour déterrer la vérité. Pourtant ce soir, cela me convient, parce que j'ai tant de fois rêvé qu'il me dise ces mots, et que je ne louperais donc pas cette occasion de l'aimer à nouveau, pleinement et sans concession.

" Je n'ai jamais cessé de t'aimer... C'est peut-être pour ça que... Je te fais confiance. "   

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Je sens son grognement contre mes lèvres plus que je ne l'entend, sourd de tout ce qui nous entoure, enivré de sa passion, de sa langue dansant avec la mienne, de son tout et je me perds dans cette danse endiablé que je n'ai jamais reconnu avec quiconque, pas faute de l'avoir pourtant cherché à tous les coins de rues mais là, dans ses bras, c'est ici que je me sens le plus vivant. Et c'est euphorique, cette sensation que rien ne pourra jamais m'arriver tant qu'il est là. Que je n'ai plus à craindre le monde tant que ses baisers se perdent sur mon épiderme qui en frissonne à chaque toucher, choque frôlement, chaque souffle. Et son rire écho à nouveau sur les murs ternes de mon appartement, lui redonnant une couleur vive que je ne voyais plus depuis son départ. Il emplit la pièce de son si unique que j'ai mis dieu seul sait combien de temps à lui arracher lors de notre première rencontre.

" Mmh mmh, tu as plutôt intérêt oui... "

C'est si stupide mais cet échange me fait tant de bien, dans sa simplicité et son étrangeté, mais c'est ainsi que ça me convient. Je sens bientôt le sol se dérober sous mes pieds et je pense un instant que j'ai perdu la tête mais ses mains fermes sous mes cuisses tandis qu'il me porte jusqu'à ma chambre qui est propre, trop propre car il y a si longtemps que je m'y refuse à dormir. Mais pas ce soir, ce soir je peux m'y laisser aller à toucher ce matelas à nouveau, avec lui. Le sol retrouve la plante de mes pieds et j'aurais chancelé si c'était sans compter sur sa présence qui me retient pendant que ses doigts traçaient le contour de mes joues en m'obligeant à plonger mes yeux dans les siens. Déchirés et incompris, je me haïs alors de l'avoir laissé partir si facilement, parce qu'il était plus fort que moi, l'est toujours, et j'avais si peur de ne pas pouvoir le retenir, et d'avoir plus mal encore. Mon front se pose alors contre le sien et je respire son odeur musqué si particulière, boisé, fumé, tout ce qui le constituait.

" Chut... Je sais... Tu n'as plus à t'expliquer... Pas ce soir... "

Je sens sa détresse comme si c'était la mienne, mes mains remontent le long de son torse jusque sur ses épaules, que je caresse du bout des doigts avant de lever les bras pour l'aider à retirer mon haut, me faisant frissonner sous l'air froid régnant dans la pièce. Ses lèvres qui se perdent sur la peau sensible de mon cou me fait perdre les mots que je voulais dire et mes yeux se ferment sous l'assaut de sensation que ses caresses me procurent tandis qu'un souffle de plaisir m'est extirpé. C'est une humidité se déposant en même temps que ses baisers qui me forcent à les rouvrir pour voir ses larmes se perdre. Mon souffle se coupe et mon coeur se serre de le voir ainsi, car jamais, ô grand jamais, je n'aurais pensé que le fameux hybride démon pouvait être capable d'un tel acte. Avec douceur, je l'éloigne afin de retirer son t-shirt et échange nos positions pour qu'il soit proche de lit et pouvoir le faire s'y allonger, venant par la suite m'asseoir à califourchon sur son bassin, une pique de chaleur se développant alors dans mes reins.

" Je suis là... " Je me penche sur lui en murmurant ces mots, mes lèvres se perdant sur son pectoral droit où je mordille la peau avant de remonter doucement, laissant sur chaque centimètre carré une trace de ma présence, son corps mon oeuvre d'art personnelle.

" Je t'aime... " Mes baisers remontent encore pour se perdre dans son cou, juste derrière son oreille où j'aspire la peau afin de laisser une trace violette qui disparaît aussitôt m'arrachant un grondement mécontent.

" Va falloir que tu contrôle ton auto guérison... " Je grommelle contre son oreille avant de me redresse et mes doigts défont la boucle de sa ceinture avec une certaine habilité avant que je ne la lui retire, la lançant au hasard, ne pouvant pas moins m'en foutre d'où elle peut bien atterrir. Puis son bouton est défait et je lève le bassin pour retirer son jean mais la force me manque et j'abandonne alors que le vêtement est à mi chemin sur ses cuisses. Donnant une petite tape sur la peau découverte je fronce les sourcils et une moue boudeuse apparaît sur mes traits parce que je n'ai pas accès à ma sucrerie.

" Bosse un peu, je suis le blessé ici, retire ça. "