le prince du roi // Aspen

@Aspen Turner & @Achil Danaé

le prince du roi

« Lorsque la Source te convoque, tu ne discutes pas, Achil ! »

Cette voix, elle résonne dans ma maison, telle une menace grandissante. J’ai été élevé avec cet air dans les oreilles. Mélodie infernal qui réveil sournoisement mon côté démoniaque, cette envie de liberté que je n’obtiendrais jamais. Mon père. Démon supérieur qui ferait friser les cheveux de n’importe qui, pâlir la peau des plus basanés et trembler les démons les plus inconscients. Ce père qui m’a vu évolué, qui m’a toujours annoncé que les sentiments étaient superflus, qui m’a arraché l’homme que j’aimais de menaces incessantes. Pourtant, il est là, devant moi. Apparu comme une fleur, m’annonçant que la Source elle-même me convoquait pour un entretient personnel. La bonne blague…le secret n’est plus, je suis neutre, moi, le fils de ce démon, j’ai choisi la neutralité plutôt que le mal en personne. Inutile de dire que je suis sûrement sa plus grande déception, davantage en voyant mes capacités évoluées vers une montagne dangereuse.

« Et étant neutre, j’emmerde la Source. Je dois bosser, alors si tu permets, sors de chez moi. »

Grave erreur, dire non à mon père, c’est comme signer son arrêt de mort. Sauf que je suis son fils, unique, et que la Source me convoque…je ne risque pas ma vie, juste son honneur. C’est probablement pour cette raison qu’il m’attrape brusquement par le bras et que je me sens happé dans les tourbillons de l’enfer. Merde ! Je me suis fait avoir comme un bleu. Pestant comme un diable, injuriant mon géniteur comme pas deux, je n’ai pas le temps de réagir que déjà, des démons m’encerclent pour me mener vers la salle du trône. L’enfer. Je n’y avais plus mis les pieds depuis des années…depuis cette douce époque où je me suis émancipé de mon père, refusant de prendre la même voix que lui. Je ne me sens pas à l’aise, étouffant entre ces démons qui m’encercle de trop près. A croire qu’ils ont peur que je file à l’anglaise, mais étant sur place, autant savoir ce que monsieur la Source me veut.

Pour dire vraie, j’ai une petite idée. Il y a deux jours, j’ai dû régler le compte de deux démons trop stupides pour être discrets, et ayant passé une mauvaise journée, j’avais décidé de les renvoyer moi-même en enfer…J’avais utilisé ma capacité première, les faisant souffrir le martyr avant qu’ils ne disparaissent. En somme, j’allais sûrement me faire taper sur les doigts par le grand patron, ou pire, me faire arracher les entrailles. Me voilà peu rassuré pour le coup. Poussant un long soupire, j’entre dans la salle du trône où siège la Source et ferme ma gueule, me contentant d’observer les démons qui se disperses et mon père qui reste figé dans mon dos. Tellement proche que je peux sentir son souffle dans ma nuque…chose que je déteste et qui va vite me mettre en rogne si il ne daigne pas faire quelques pas en arrière. Mais avant même que j’aille le temps d’ouvrir la bouche, la Source venait de faire son entrer.

@Achil Danaé & @Aspen Turner

le prince du roi

Aussi improbable que cela puisse paraitre, l’actuelle Source du Mal… détestait les enfers. Plus habitué aux bureaux d’angle réservés aux dirigeants dans les grandes tours modernes de San Francisco, les cavernes sombres du monde souterrain lui avaient toujours paru sombres et terriblement… roturières. Mais tel était son rôle de monarque : entre quelques meetings à Buckland et affaires menées à la surface, il se devait de remplir ses fonctions régaliennes.

C’est donc toujours vêtu de son costume humain qu’il s’était installé sur son trône, recevant l’un après l’autre les démons qui lui avaient demandé une audience. La plupart des requêtes qu’il reçut au cours de ces entretiens se révélèrent d’un ennui profond… jusqu’à ce qu’une mère endeuillée vienne lui rapporter la mort de son fils aux mains d’un autre démon capable de manipuler le sang. L’hémokinésie était un pouvoir tellement rare que le monarque n’avait jamais rencontré de sa vie une créature capable de telles prouesses. Sa curiosité piquée au vif, Aspen commença à remonter le fil du lignage de l’intéressé, et finit par réaliser qu’il s’agissait du fils d’un démon supérieur qu'il connaissait très bien. Le convoquer dans un petit salon privé ne prit que quelques minutes – on ne fait pas attendre la Source – et Aspen n’eut ensuite aucun mal à l’envoyer chercher son enfant pour le lui apporter sur un plateau d’argent.

L’homme d’affaire les retrouva en salle du trône, entouré de sa garde rapprochée. Il était plus puissant que n’importe lequel des guerriers censés assurer sa sécurité, mais sa mère la Prophétesse avait insisté pour qu’il maintienne cette tradition protocolaire. « Laissez-nous », ordonna-t-il aux quelques badauds qui attendaient encore dans la salle. Il souhaitait s’entretenir seul avec l’hémokinésiste et son patriarche, afin d’en jauger la puissance sans éveiller les curiosités. Une fois la salle vidée, il s’approcha du jeune homme, un sourire perfide aux lèvres. « Voilà donc le fameux Achil ! » Il le jaugea de haut en bas – il était plus grand que ce qu’il s'était imaginé. « Après tout ce que j'ai entendu de toi, il me tardait de te rencontrer ! » Il lui donna une petite tape amusée contre la joue, terriblement infantilisante.

L’air nonchalant, la Source se dirigea vers son trône. Sur la petite table d’à côté se trouvait un cigare, qu’il porta à ses lèvres. « J’ai entendu dire que tu t’amusais à tuer tes frères démoniaques. Les familles endeuillées réclament ta tête sur un plateau. » Ses paroles, graves et lourdes de conséquences, avaient été déclamées d’un ton particulièrement détaché, comme si Aspen ne faisait que commenter la météo. Il fit naitre une flamme d’un claquement de doigt au bout du cigare, aspirant ses premiers volutes de fumée. « Je suis sûr que ton père t’a bien appris nos lois, pas vrai ? Tuer un démon en mission dans le monde des humains est un crime punissable par la mort. Tout cela fait de toi un traitre à ta race… » Nouvelle inspiration sur son cigare. Aspen s’était accoudé contre son trône gigantesque, ne prenait même pas la peine de s’y asseoir. Il n’avait pas besoin de ce genre de symbole pour rappeler que c’était lui qui commandait ici. « Et ne me sors pas l’excuse de ton hybridation. Je suis mieux placé que quiconque pour te dire que c’est bidon. » L’hybridation sorcière de la Source avait longtemps fait scandale, et la guerre qui avait suivi trois années plus tôt pour lui assurer le contrôle du trône avait été particulièrement sanglante.

Aspen fit quelques pas dans sa direction, et passa un bras autour de ses épaules, comme s’ils étaient amis de longue date. « Mais j’ai aussi entendu que tu savais être particulièrement… créatif lors de tes petits caprices. » Il arborait un sourire acéré, amusé et étrangement excité par ce qui allait suivre. « Et ton père ne tarit pas d’éloges sur tes pouvoirs, bien qu’il semble terriblement incompétent lorsqu’il s’agit de contrôler sa progéniture. » Il repoussa le père d’Achil qui s’apprêtait à prendre la parole pour se défendre. « En tant que monarque juste et bon, je pense donc que la faute vous incombe à tous les deux. Achil, une démonstration de ton pouvoir serait la bienvenue, tu ne penses pas ? Je pense que ton père fera la cible parfaite. » Ses mots étaient sans appel, et la joie pure qui transparaissait dans ses yeux trahissait l'étendue de son sadisme.

@Aspen Turner & @Achil Danaé

le prince du roi

Mes iris glissent sur les démons qui fuient aux ordres de la source, seul mon père reste trop proche de moi. Il n’a jamais été très paternel, chose peut étonnante pour un démon au sang pur. Non…il reste proche davantage par avantage, davantage par dignité ou peut-être, pas crainte de perdre son unique enfant. Qui sait. Je reste droit, digne, ne flanchant pas. Pour cette facette de ma personnalité, mon géniteur y est pour beaucoup. Je peux, en un sens, sentir sa pseudo fierté de me voir me comporter de la sorte et ça en est presque répugnant. Les paroles de l’hybride s’élèvent, me nommant de fameux Achil. Je hausse un sourcil, étonné d’entendre de tels propos. Achil me va plutôt bien, mais de là à ce que la source connaisse mon identité, ça en est presque surprenant. Des années auparavant, j’ai tourné le dos à mes origines, creusant un fossé entre les démons et moi…Il me jauge de haut en bas, j’apprécie moyennement, mais je me tais. On ne défie pas la Source, encore moins dans son domaine. Je suis peut-être parfois impulsif, mais la stupidité ne fait pas partie de mes traits de personnalité. Je tiens à la vie, aussi merdique soit-elle.

Du moins, jusqu’à ce qu’il tapote ma joue comme si j’étais un enfant, m’arrachant une grimace et un mouvement de dégagement de ma part alors que je tourne un peu la tête sur le côté. « Je ne vois pas en quoi ma présence semble si, exceptionnelle, Monsieur. » Je sens presque la colère de mon géniteur parcourir mes veines et j’en souris en coin, faisant en sorte de reculer légèrement pour lui écraser le pied de façon peu discrète. Je suis peut être un hybride, comme la Source, mais je n’en reste pas moins un demi démon aux émotions sombres. Revenant à ma place, je croise les bras et observe l’aura de l’être qui se dirige vers son trône. Je n’aimerais pas être à sa place…trop de responsabilités, trop de choses à gérées, de pouvoirs entre ses mains. Pourtant, au fond, je sais que les miens sont dévastateurs à leurs façons. L’hémokinésie n’est pas commun et mon contrôle des auras – bien que je ne le sache pas encore – se verra destructeur également. Et nous y voilà, la famille réclame ma tête sur un plateau…et pourtant, la menace ne semble pas visible ou encore, juste cachée. Dois-je m’inquiéter ? Si je dois crever, autant le faire avec dignité.

« Je ne sortirais pas l’excuse de l’hybridation, monsieur, mais je n’ai pas eu connaissance d’une quelconque mission. Enfin, certes, il n’a pas spécialement eu la chance de s’expliquer, il avait la bouche pleine. » Et cette fois, je sens le plat de la main de mon père s’enfoncer dans ma nuque une fraction de seconde, comme une menace évidente. Je ne bronche pas, ne bouge pas, me contente de hausser les épaules. « Je ne fais qu’exposer la vérité…père. » Je l’entends grogner quelques paroles dans une langue ancienne avant de me relâcher. Effectivement, le démon avait la bouche pleine de sang, la gorge encombrée. Aurais-je changé les choses pour autant ? Non, absolument pas. Lorsque la Source avant, je me fige, me crispe un peu une fraction de seconde et là…il passe un bras autour de mes épaules et, une fois de plus, mes sourcils se fronces avec une incompréhension palpable. Je n’arrive pas à savoir ce qui va se passer, où l’homme veut en venir. Punir ou laisser couler ? Conséquences ou non ? Créatif ? Ah bon, c’est nouveau ça…tournant un peu les yeux vers lui, j’attends de voir où la Source elle-même veut en venir.

Mon père, ne pas savoir me tenir ? Je me retiens de lui cracher à la gueule ce que je pense, mais une fois encore, décide de me taire pour ma propre sécurité…par contre, la suite, je ne m’y attendais aisément pas. Une démonstration de mes capacités ? Contre mon père ? La part démoniaque en moi s’élève, davantage en voyant le sadisme et le ton sans appel de la Source. Intérieurement, j’avais toujours rêvé de le faire, détruire mon géniteur, le faire plier devant moi par simple vengeance. « Pourquoi pas. » Mes paroles sont détachées, mes yeux se noircissent un peu lorsque, sans même regarder mon père, mes doigts s’ouvrent légèrement et se ferment avec lenteur. Le sang démoniaque de mon père, je peux le ressentir comme des files électriques parcourant ma peau. J’accélère si rapidement le flux sanguin que mon père pousse un grognement de surprise, du sang sortant de sa bouche en bonne dose, puis de ses yeux, ses oreilles….J’entends les bruits infâmes qu’il fait en cherchant l’oxygène, en essayant de crier face à la douleur que je lui inflige sans même bouger le petit doigt. Et puis…j’inverse le flux sanguin, pour lui dessécher la peau, les organes…

« C’est assez, où faut-il d’avantage, monsieur ? » parce que mon père est à terre, roulant presque dans son propre sang, incapable de réagir, focalisé sur sa propre perte, ne s’étant probablement imaginé la véritable étendue de ma capacité.