L'art de manipuler les coeurs // Nathan

@Nathan Hargreeves & @Lux Ambrose

L'art de manipuler les coeurs

Retrouver Erebe, c’est comme rouvrir de vieilles blessures. Ça fait mal. Et je ne parle pas de la brûlure au niveau de mon épaule, ou encore, de la blessure qui cicatrice au niveau de mon front après m’être fait attaquer par un démon…Non, je parle surtout de la douleur intérieure. Celle que j’avais fais taire encore et encore, durant de nombreuse année. Ça en est risible, pour un Cupidon, de souffrir d’une peine de cœur. Enfin, je crois…après tout, je ne suis plus entièrement Cupidon, je ne l’ai jamais été et cette idée, elle me donne la nausée. Instinctivement, je caresse du bout des doigts les veines sombres qui caresses ma nuque, commençant délicatement à descendre aussi sur mes bras, prenant de plus en plus de terrain. J’ai la sensation de porter un poison qui se dirige vers mon cœur, se faufilant dans mon corps pour reprendre sa place initiale.

La sorcière avait dit que ça serait temporaire, qu’une fois ma partie démoniaque réinstallée comme il se doit, les traits disparaitront. Mais le souhaitais-je véritablement ? Après tout, une fois installé, cette part aura une influence en moi et je déteste cette idée. Baissant les yeux, j’observe les rochers où je suis assis, étant revenu sur le lieu même où le démon m’avait attaqué. Un endroit calme, en hauteur au bord de l’océan. Cet endroit, j’avais autrefois l’habitude de m’y cacher, jusqu’à ce que mon cœur soit déchiré en deux par l’hybride. Grimaçant, je décide de penser à autre chose, me maudissant intérieurement. Erebe est du passé, je l’ai compris et lui également. On ne va pas se leurrer, je n’ai plus d’impact sur le blond, et ça n’est pas près de changer. Si il a été mon premier amour, je ne suis pas sur d’avoir été le siens…je ne le saurais jamais.

Observant mon téléphone, je fronce les sourcils quand des murmures commences à se dégager autour de moi…je me crispe, sachant ce que ça présage, sachant ce qui va arriver. Je les entendus, les morts, qui hurlent au loin, qui grondes, qui en rage. Mon cœur se crispe, je lâche l’appareil pour plaquer instinctivement mes mains sur mes oreilles. « Non…non, non, non. » Murmurais-je, repliant mes jambes contre mon torse, enfuyant ma tête entre mes genoux. Ça ne sert à rien, les hurlements, ils me viennent distinctement. Trop. Chanson macabre dont le volume augmente, que j’aimerais étouffer. Je déteste ça. Ce pouvoir. Je ne le comprends pas, il contraste tellement avec mes capacités de Cupidon, que j’ai envie de me jeter dans le vide juste pour éteindre les cris. Je tente vainement de placer un mur, comme avec mon pouvoir d’empathie, mais ça ne fonctionne pas. Je dois attendre…attendre encore et toujours que les voix cesses.

@Lux Ambrose & @Nathan Hargreeves

L'art de manipuler les coeurs

Placé devant la baie vitrée de mon appartement j'observe la vue imprenable quand mon téléphone sonne, me ramenant à la réalité. Un message qui m'indique que Lux n'est pas loin de chez moi. Je souris doucement et revêt mon costume de mec gentil et attentionné avant de partir à sa rencontre. J'ai beaucoup de mortel dans la poche grâce à mes charmes d'incube et ces derniers me tiennent informés dès qu'ils croisent le jeune homme dont je convoite les pouvoirs. Un en particulier. Son lien avec les morts. Grâce à ses dons je serai en mesure de communiquer avec ma mère pour trouver son meurtrier et avec de la patience, de l'aide et de la pratique, le jeune pourrait même la ramener dans le monde des vivants, qui sait ? Cela allait demander pas mal de travail pour parvenir à un tel résultat mais s'il y a bien quelque chose que j'avais devant moi, c'est du temps. C'est bizarre de se donner autant mal pour une seule personne, surtout qu'avant de la perdre, je ne pensais vraiment pas tenir à elle mais maintenant qu'elle n'était plus là, je sentais un vide dans ma vie. Dans ma vie oui, pas dans mon cœur.

Proche de la zone où le cupidon a été repéré, je vois le jeune homme au loin recroquevillé sur lui même et m'approche furtivement de lui. Je bois le contenu de la fiole présent dans ma poche pour bloquer son don d'empathie -ce qui ferait tout foirer- et me pare d'un visage compatissant et souriant. Ses mains sur ses oreilles, je devine ce qui est entrain de se passer dans sa tête et pose doucement ma main sur son épaule pour signaler ma présence. Je retiens ma satisfaction à la vue de ses veines noires signe du mal qui prend du terrain et en fait abstraction pour le moment. « Tu les entends encore n'est-ce pas ? » Les morts. Ca ne doit pas être évident de pouvoir les entendre, d'entendre leurs cris, leurs plaintes sans moyen de les faire cesser mais j'avais peut-être la solution à son problème. Une solution temporaire mais qui pourrait le soulager. L'un des objets de ma boutique pouvait l'aider, une amulette ou tout autre objet ensorcelé qui serait en mesure de stopper ses voix pour un temps. Était-ce que j'avais envie de faire ? Probable que non mais ce serait un moyen idéal pour me faire bien voir du cupidon, d'autant que j'avais une bague dans la poche qui marcherait peut-être. Une chevalière ornée d'un onyx. Un truc bien voyant et encombrant mais tant qu'il marchait, c'est le principal. « Je ne suis pas sûr du résultat et c'est une solution temporaire dans tous les cas, mais essayes ça, ça pourra peut-être calmer les voix. » lançai-je alors que je sors la fameuse bague de la poche intérieure de ma veste et que je la lui tends.

@Nathan Hargreeves & @Lux Ambrose

L'art de manipuler les coeurs

J’ai le cœur au bord des lèvres, devant tant de détresse. J’aurais aimé que Erebe soit là, ou encore Wyatt. J’aurais aimé que des bras sécurisants m’entourent, me murmure que tout allait bien se passer, que je n’étais pas un monstre. J’aurais aimé que les voix cesses, littéralement. Mais ça m’est impossible. Je ne peux qu’entendre, qu’écouter, les plaintes nauséeuses, les cris de colère, les larmes versées dans un au-delà que je ne comprends pas. J’aimerais hurler, mais les sons ne sortent pas de ma bouche. Juste les gémissements résonnent autour de moi, sortant de ma gorge, mourant dans la solitude. Et je me balance d’avant en arrière, tel un gosse qui veut échapper à ses démons. Je n’ai pas été préparé à de telles choses, et il est là le souci. Ces capacités, elles auraient dû m’être acquises depuis le temps, comme mon don d’empathie…mais on m’avait privé de ce contrôle.

Je ne l’entends pas approcher et quand sa main se pose sur mon épaule, je sursaute brusquement et manque de tomber sur le côté. Les derniers événements dans cet endroit ne sont pas rassurants, mais je suis content de voir Nathan, ne sachant pas ses véritables raisons. Manipulé par l’hybride que je crois être mon ami…Je secoue positivement la tête, la gorge nouée. « Tellement de hurlement… » ma voix suffoque, alors que je tire mes cheveux bruns, comme si je tentais d’arracher les bruits via la douleur. « …ils hurlent sans cesses, et je peux rien faire…je peux rien faire pour arrêter ça Nathan. Ils sont en colère, ils comprennent pas, ils sont perdus… » murmurais-je comme un aveux honteux, alors que mes iris sont dilatés par toute cette merde. Et pourtant, les émotions de Nathan ne sont pas en cause, car celles-ci, étrangement, ne me sont pas accessibles…

Je regarde Nathan qui me propose une solution temporaire et, je sais que je ne devrais pas chercher la facilité, mais je suis épuisé mentalement. Il me tend une bague énorme, visible, le genre de chose que je ne porte pas…mais sans une once d’hésitation, j’attrape l’objet et la passe à mon doigt, priant pour que les voix cesses. Lentement, les hurlements s’éteignent, les plaintes disparaissent, les murmures meurs…et je n’entends plus rien, qu’une brise lointaine, comme si un voile avait été posé. Il est fragile, instable, mais pour l’heure, m’offre un peu de répit. « Merci…merci beaucoup… » murmurais-je en levant les yeux vers l’homme, honteux par ma propre vision. Je dois vraiment faire pitié, mais qu’importe…poussant un soupire, je me redresse, un peu fébrile, pour faire face à l’homme que je connais peu tout en appréciant sa compagnie. Être manipulé n’est jamais flagrant…davantage pour moi et mes besoins.

« Comment m’as-tu trouvé ? » Demandais-je alors curieux, ne m’attendant pas à le voir ici, encore moins dans ce lieu isolé que j’avais appris à aimer de nouveau.

@Lux Ambrose & @Nathan Hargreeves

L'art de manipuler les coeurs

La bague fonctionne et les voix semblent déjà s'apaiser. Bah mince alors, j'ai vu juste je ne pensais pas que ça marcherait. Bien sûr, c'était provisoire et les voix qu'il entend ne tarderaient pas à retentir de nouveau dans sa tête mais au moins, pour le moment, il était calmé et c'était bien le principal. Il me remercie alors que j’acquiesce en souriant, ça m'a fait plaisir. Enfin pas trop mais je lui fais croire que oui. Je dois me faire violence pour ne pas laisser mon véritable caractère reprendre le dessus mais je pense à ma mère et à ce que l'aide du cupidon peut m'apporter et tout de suite, ça m'aide à me reprendre et à continuer de jouer l'acteur hollywoodien. Heureusement pour moi, j'ai passé suffisamment de temps auprès des mortels pour les imiter et feindre des émotions que je ne ressentais pas habituellement. La compassion, la gentillesse, je me ferai presque dégueuler si je m'écoutai.

« Aucun problèmes, ravi d'avoir pu t'aider. Il faudrait que tu ailles faire un tour à l'école de magie, ils ont de bons profs là bas qui pourrait t'aider à contrôler les voix. Sinon viens me voir quand ta bague ne fera plus effet et je tâcherai de te trouver autre chose. » Enfin, j'ignore s'ils ont de bons professeurs mais j'imagine que oui. Ce n'est pas comme si j'y avais déjà mis les pieds et je ne m'y risquerai pas. L'enceinte étant protégée des démons, j'ignorai si ma moitié triton pourrait leurrer le sort et ne voulais pas le découvrir parce que dans le cas contraire … ouille ouille ouille.

« Comment m’as-tu trouvé ? » Ça, c'est la question à un million, celle que j'aurai pourtant dû voir venir. Quel mensonge j'allai pouvoir sortir ? L'une des rares personnes que je n'ai pas tué après l'avoir sauté m'a envoyé un texto pour me dire que t'étais là … certainement pas non. Je t'ai vu au loin de ma fenêtre ? Non plus, il est trop isolé pour que ce soit crédible …  « Je suis venu m'aérer un peu la tête et descendre le contenu de ma flasque d'alcool. » Ouais ça c'est bien comme excuse, maintenant ne me reste plus qu'à broder un peu et ça passera tout seul. « J'ai l'habitude de venir me poser ici quand je me sens triste. Je regarde l'océan et ça me permet de me vider l'esprit. » La mort de ma mère, cette carte était mon joker en cas de pépin et elle m'attirait toujours la sympathie des personnes ayant un minimum de cœur. « Mais je peux aller ailleurs si tu préfères être tout seul maintenant que t'es capable de t'entendre penser ? » Je n'irai nulle part, bien entendu. Je sors ma flasque et boit une gorgée de rhum avant de tendre l'objet en argent à l'hybride. Qui a dis qu'un démon ne savait pas se montrer généreux ? « Ne t'en fais pas pour ton pouvoir, tu finiras par avoir le contrôle je te le promets. Tu ne l'aurais pas si tu étais incapable de le contrôler. » C'est en effet aussi simple que ça, avoir un don chez un être magique c'est comme avoir des jambes pour un mortel, on sait forcément s'en servir. Ça demande, certes un peu plus de pratique mais à force de persévérance, on y arrive.

@Nathan Hargreeves & @Lux Ambrose

L'art de manipuler les coeurs

Les voix cessent, un peu. Elles ne deviennent que des murmures, légers, menés par le vent au loin. Je me sens mieux, de ce côté-là du moins. En peu de temps, ma vie avait pris une tournure des plus désagréables…ma nuit avec Erebe, la déclaration de Wyatt, mes capacités démoniaques qui évoluent…trop vite. Tous ça, c’est comme si on accélérait le temps, mon temps, pour récupérer les années paumées qui ne m’avaient pas été accordés. Poussant un léger soupire de soulagement, j’observe la bague énorme à mon doigt. Je ne l’aime pas, du moins, d’apparence, mais à mon niveau, je pense que je n’ai pas le droit au change. Temporaire. Bientôt, un jour, je vais devoir accepter ce que je suis, laisser la part démoniaque s’installer, sans quoi, je doute rester saint d’esprit encore longtemps. Glissant mes iris sur Nathan, je souris légèrement. Un sourire qui se veut gentil, mais qui n’a aucune lumière.

« Je ne sais même pas si je serais encore capable d’y mettre les pieds…maintenant que ma part démoniaque est là. Avant, elle était bloquée et je suppose que la Directrice savait pour ma condition, j’y avais accès…mais maintenant…tout est tellement compliqué. » Passant une main dans mes cheveux, je me redresse lentement pour faire face à celui que je pense être mon ami. Mon grand cœur a toujours été, selon beaucoup, un avantage, une qualité…mais ma naïveté est souvent bien trop chiante et je vois le bien partout, chez quiconque, même chez les cas désespérés. Du moins, avant que ça ne tourne au vinaigre, que mes émotions deviennent de plus en plus sombres, incontrôlables. Car oui, mes émotions sont le déclencheur, sont ce qui ouvre les vannes de ces veines sombres qui s’étalent et finiront par disparaitre quand le poison se sera totalement installé. Bientôt.

Croisant les bras contre mon torse, je demande à Nathan comment il a fait pour me trouver et sa réponse me fait froncer les sourcils. Attention, le Cupidon revient… « Oh, je vois…Tu veux en parler ? Ou tu préfères garder ça pour toi ? » Demandais-je calmement, alors qu’inconsciemment, je tente d’accéder à ses émotions pour ressentir le degré de ses douleurs…mais rien. Un mur m’en empêche, comme si Nathan était vide de sentiments. Ça m’a toujours fait tiquer, parce qu’avec les années, j’ai appris à me fier aux émotions des autres…sauf qu’avec lui, ça semble impossible. « Non reste ! J’aime bien ta compagnie, elle est agréable, et cet endroit est assez grand pour nous deux. » je tente de rester positif, en quelque sorte, même si ça me semble franchement compliqué.

Il me tend sa flasque et j’hésite, comme si je m’apprêtais à faire une connerie. Je ne tiens pas l’alcool, ce n’est pas un secret…tant pis…j’ai bien mérité ne serait-ce qu’une gorgée de…ben j’en sais rien. Me mordant la lèvre inférieure, je prends la flasque et le remercie, avant de prendre une gorgée et…de tousser. Putain c’est quoi ça ?! « Non d’un cupidon… » Grognais-je en m’essuyant les lèvres, rendant l’objet à Nathan avant d’enfin répondre à ses mots. « Le souci… » je détourne les yeux et m’assois en même temps sur les rochers, laissant de la place à Nathan si il veut me rejoindre. « C’est que je ne suis pas sûr de vouloir contrôler cette partie de moi, j’aime pas ce que je deviens Nathan. Je deviens impulsif…j’ai carrément frapper un flic au tibia ! » Marmonnais-je, alors que je suis un putain de nounours normalement.