Work Work feat Valentin

Bon, aujourd'hui je devais être d'après-midi. Mais c'était une de ces journées qui allait être particulièrement chargée au travail. Heures supplémentaires payées ou pas, je me devais d'être présent pour donner un coup de main. Un gros groupe plutôt connu à la musique, déjà une centaine de réservations, mieux valait prévenir que guérir. Depuis le temps que je travaillais au P3, j'avais l'habitude de ce genre de préparatif pour de telles soirées. Alors je m'étais rendu là bas dès l'ouverture. Shane dormait encore à mon départ. Je lui laissais un petit mot pour lui dire que j'étais partie travailler de bon matin et que la journée allait être particulièrement chargée aujourd'hui, donc qu'il ne m'attende pas pour faire sa vie de son coté. Petite déjeuné dans le ventre, douche bien fraîche, petit ensemble décontracte mais tout de même élégant et me voilà au boulot où tout le monde commençait déjà à s'afférer. Sans demander quoique ce soit, je rejoignais le mouvement, à part les petits nouveaux, tout le monde était très autonome et savait quoi faire. Mélinda notre patronne nous avait formé ainsi. Il fallait qu'on puisse faire tourner la boutique et qu'elle puisse nous faire confiance même quand elle n'était pas là. D'ailleurs je compris vite qu'elle avait un imprévu, et mon petit doigt me disait qu'il était de nature magique... Rien de plus normale pour une Halliwell.

Alors comme à notre habitude, on comblait et on avançait le boulot. La décoration, les tables, la gestion du stock, tout était préparé et vérifié soigneusement. On accueillait même le groupe pour qu'il puisse faire ses balances, prendre possession de l'espace scénique et s'entraîner pour être au top ce soir. C'était une partie de mon boulot que j'aimais, quand on recevait des groupes, on travaillait en musique. Tout avançait plutôt bien et l'heure du déjeuné approchait à grand pas. Je m'occupais de nettoyer quelques verres dans la réserve quand j'entendis un flot de pensées submerger mon crâne. Mélinda était donc là et visiblement blessé, laissant les gens suspicieux. Bande de commères... Je terminais rapidement mon travail et allais la rejoindre. Tout sourire, je la entrain de vérifier les comptes, je me place à coté d'elle en souriant,

-Salut Patronne! Aoutch! Laisses moi deviner... Glisser dans ta baignoire ou porte de placard cette fois-ci?

Dis-je d'un ton amusé. Sachant pertinemment en voyant sa blessure à l'arcade qu'il s'agissait d'une attaque de démon. Moi-même j'étais venu plus d'une fois avec des bleus et des hématomes au travail. Je savais ce que c'était. Sauf que moi on devait me prendre pour un mec qui aime se battre, alors que c'est à peine si je sais mettre un coup de poing sans me faire trop mal... Je lui mets la main sur l'épaule pour la réconforter, empathie ou pas, je peux sentir son stress rien qu'en me tenant à coté d'elle,

-T'en fais pas pour ce soir, on a déjà bien avancé. Les tables sont presque toutes prêtes, le stock de boisson à été vu et revu pour prévoir le coup, le groupe de musique à déjà pu commencer les répétitions et la déco et l'éclairage sont au top pour ce soir! Tout ira bien, t'en fais pas.

Je connais le professionnalisme et le perfectionnisme de Mélinda, elle veut que tout soit parfait et c'est bien ça qui a fait de cet endroit l'un des plus branché non seulement de la ville, mais de la côte ouest.

Je savais que Melinda était une femme forte depuis le temps que je la côtoyais. Elle ne reculait ni devant le danger, ni devant ses responsabilités. Elle m'avait beaucoup appris depuis que l'on se connaissait, pas uniquement vis à vis de mon travail. En plus d'être ma patronne, je savais que je pouvais lui faire confiance. L'excuse qu'elle a trouvé me fait doucement sourire, je la regarde d'un air complice. Bien entendu je ne suis pas dupe. Bon il n'y a pas l'air d'avoir trop de casse, mais tout de même, elle ne va pas pouvoir passer la soirée avec sa blessure. Je pose ma main doucement sur la sienne,

-Viens on va soigner ça, tu ne vas pas rester comme ça, les comptes peuvent attendre encore un petit peu...

Je l'invite à me suivre vers l'arrière du club jusqu'à la salle de repos du personnel, à coté de la salle de stock. Je lui fais signe de s'asseoir et pendant que je cherche notre petite malaise de premiers soins, je lui réponds,

-Oh et bien pour moi tout roule en ce moment... je n'ai pas à me plaindre.

J'attrape la petite boite et viens la poser sur la table à coté de Melinda, je l'ouvre et je prends une compresse stérile que je viens poser doucement sur sa blessure,

-Bon ça va, la blessure reste superficielle, elle va disparaître en un rien de temps. Tu as déjà pensé à te reposer un jour?

Lui dis-je en rigolant doucement. Elle semble ne jamais arrête, entre sa vie de sorcière, de famille, de gérante de club, elle vit à cent à l'heure. Mais il faut aussi qu'elle se détende et qu'elle prenne soin d'elle, sinon elle va finir par craquer... Je l'apprécie trop pour ne rien lui dire. Mais bon comme je la connais, elle n'en fera qu'à sa tête. Alors autant prévenir que guérir. Je passe un coup de spray désinfectant, nettoie à nouveau et prend un petit pansement-strap que je viens lui placé doucement.

-Voilà comme neuve! D'ailleurs si on peut parler et pour être honnête...

Je prends place sur la chaise face à la sienne, refermant la boite de soin. Mon visage devient plus sérieux. Je ne peux pas garder ça pour moi, surtout que si il doit bien y avoir des personnes au courant ce sont bien les Halliwell,

-Tu as remarqué le chaos qui règne en ce moment, ces vagues de suicides, ces tremblements de terre... Melinda, toutes les nuits j'ai des visions cauchemardesque. Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est pour bientôt. Une menace d'une grande ampleur venant de la mer. Je me suis dit qu'en t'en parlant, tu pourrais aussi le transmettre aux membres de ta famille. Je suis désolé pour le moment tout est brouillé, je n'ai pas plus d'information, mais si jamais, je t'en parlerai, tu as ma parole.

Cela fait du bien de pouvoir extérioriser les cauchemars que je fais toutes les nuits depuis plusieurs semaines. L'angoisse est toujours présente, mais au moins, je sais qu'elle me prendra au sérieux, cela fera peut être la différence, qui sait... Je l'espère.

Melinda sous ses airs de gérante et de sorcière accomplie, est d'une gentillesse incroyable. Au début elle m'intimidait beaucoup, aujourd'hui encore un peu on ne va pas se mentir, mais connaître ce coté plus fragile d'elle ne me fait que l'apprécier encore plus. Elle est toujours juste et intègre dans ses décisions, même si elles sont parfois difficiles à prendre. Jamais rien n'est laissé au hasard ou à l'étourderie. N'avoir qu'un quart de sa force d'être serait déjà beaucoup pour moi. Je souris en l'écoutant me remercier, vouloir m'augmenter, je ne peux m'empêcher de rouler des yeux en haussant les épaules. Pour moi c'est tout naturel, cela ne mérite pas une augmentation. C'est ma manière de voir les choses, pour moi, tout le monde pourrait faire ce que je fais. Je prends un air agacé avec humour quand elle me dit qu'elle ne se reposera pas,

-Et bien tu m'augmenteras quand j'aurai réussi à te faire te reposer tiens! ça me paraît être un bon deal.

Dis-je en rigolant doucement. Cela m'inquiète tout de même pour elle. Parce que je m'inquiète toujours pour mes proches et que je ne voudrais pas que le surmenage lui coûte trop cher... Puis elle me crois, elle me confirme mes visions avec les rapports de Kieran. Je me sens moins seul, mais ça n'est pas plus rassurant pour autant. C'est terriblement frustrant de ne pas avoir plus d'informations. Des visions qui ne sont pas plus précises, cela aurait donc été bien plus utile. Mais jamais rien n'est simple, surtout pas dans le monde de la magie. Alors je hoche la tête en signe d'approbation à ses paroles,

-T'en fais pas je resterai prudent, c'est promis! Mais promets-moi aussi de l'être. Quelque chose me dit que ce qui se prépare risque d'être sans précédent, et ça ne sera que le début... de quoi? Je n'en sais strictement rien.

La seule chose qui te rassurait dans cette histoire, c'est que tu avais un entourage sur qui compter et ça, ça valait tous les supers pouvoirs du monde. Je me relève et lui tend la main pour qu'elle prenne appuie sur moi pour se relever également,

-Alors patronne? On y retourne? Ou c'est l'heure du déjeuner? Il va être midi quand même... Puis je pense qu'on a déjà bien avancer pour ce matin. Tout le monde pourrait reprendre en début d'après-midi? Quand penses-tu? Je peux nous faire livrer indien si ça te tente?

Terminais-je en lui montrant mon téléphone, prêt à dégainer sous ses ordres. Cela ne lui ferait pas de mal de se remettre de toutes ses émotions du matin une bonne fois pour toute et de se remplir le ventre avec la longue journée et surtout soirée qui nous attend.