dance monkeys ft Valentin

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportCe soir n’y fait pas exception : il y a la queue devant le P3. C’est la rançon du succès… mais il est hors de question que je fasse la queue devant comme n’importe quel mortel. Dans la file, je double tout le monde, un grand sourire désarmant aux lèvres qui désamorce tout conflit potentiel. Mon charme surnaturel fait le reste et personne ne me fait d’histoire. Je sens la confusion du videur, une grosse armoire à glace, quand je lis dans ses yeux une forme de désir lubrique. Je suis probablement le premier homme de sa vie qu’il a envie de toucher, et son trouble devant cette révélation me fait rire. Je lui susurre une plaisanterie à l’oreille et il me laisse entrer avant un groupe de pimbêches qui font la queue depuis une demi-heure.

Je connais bien le P3, à force. Depuis que Valentin m’a fait découvrir ce club, j’adore me mêler à la foule, débrancher mon cerveau et danser toute la nuit. Le genre de plaisirs simples que je n’ai jamais connu pendant que je travaillais pour mon père, en enfer. J’ai l’impression de vivre une seconde jeunesse. Et comme je suis immortel… peut-être que cette période durera tout ma vie, qui sait ! Je fais signe à Valentin qui termine son service et nous trouve la meilleure table. Elle est occupée par un groupe de filles mais il me suffit de leur demander gentiment, d’une voix chaude et envoutante, et elles me laissent leur table sans rechigner. L’une d’elle va jusqu’à me glisser une petite serviette en papier sur lequel est écrit son numéro.

Valentin finit par me rejoindre et je l’enlace amicalement.
— Val ! Comment ça va bro ?
Je m’installe sur la banquette de tout mon long, m’amusant de tout cet espace alors que les autres tables sont complètement bondées.
— C’est moi qui prends la première tournée ! Pour te remercier de tout ce que tu fais pour moi.
Je n’ai pas la moindre intention de payer – parce que je n’en ai pas les moyens. Mais ça, il n’a pas besoin de le savoir ! Il faudra juste faire en sorte qu’il regarde ailleurs pendant que je charme la serveuse au moment de payer. Je lui fais signe pour qu’elle vienne prendre notre commande.
— Tu veux boire quoi ? Vodka-redbull pour moi svp.
2981 12289 0

Plus que deux petites minutes et j'ai terminé mon service. Tout le monde connait ça, ce moment où les dernières minutes semblent durer des heures. Non pas que je n'aime pas mon métier, bien au contraire! Mais aujourd'hui je travaille depuis l'ouverture et le weekend aidant, c'est noir de monde et je n'ai pas arrêté un seul instant. Je m'essuie le front d'un revers de main en levant les yeux, je voix Shane qui me salut au loin, je lui rends son signe et lui fait un sourire. Qui l'eu cru? Aujourd'hui j'héberge et je me suis lié d'amitié avec un demi-Incube. Une longue histoire dont moi-même je ne suis pas encore certain de l'issu. Mais il fait vraiment des efforts pour reprendre sa vie en main et entrer dans le droit chemin. Lui qui souhaitait me tuer au début, sous les ordres de son père, aujourd'hui tout est bien différent. Il est libre et on s'entend même très bien. Incube ou autre je m'en fiche, ce n'est pas notre nature qui détermine qui l'on est. Puis on ne va pas se mentir, ça me fait du bien de l'avoir auprès de moi. Depuis la mort de mes parents, je me suis renfermé sur moi-même. Aujourd'hui avec toutes ces visions qui m'assaillent, les séismes, les suicides, heureusement qu'il est là pour égailler mes journées.

Je lève les yeux aux ciels. C'est lui tout craché ça! Encore entrain de faire du charme pour avoir ce qu'il veut. On ne peut pas dire que je sois fan de cette méthode, mais c'est bien efficace il faut l'avouer. Bon le gong à sonné, j'ai officiellement terminé. Je salue mes collègues et leur signal que je reste pour boire un verre à une table. Ce n'est pas la première fois que Shane me rejoint et qu'on boit des verres après mon service. Sauf que depuis, j'ai une bonne partie de mes collègues qui me harcèlent pour avoir son numéro, savoir si il est célibataire, ect... Le bonheur... Les joies de vivre aux cotés d'un incube séducteur. J'arrive donc à sa hauteur et il m'enlace amicalement. Je réponds à son accolade et je lui souris chaleureusement. Je soupire en prenant place sur une chaise, le regardant s'étaler de tout son long. On est si différent, moi plutôt d'un naturel discret, lui tout feu tout flamme.

-Un peu fatigué mais ça va bien mieux maintenant et toi?

Il m'annonce qu'il prend la première tournée. Mais il oublie un détail, je lis dans les pensées. Je ne peux alors m'empêcher d'avoir le sourire en coin et de lui lancer doucement alors qu'il appelle la serveuse.

-C'est vraiment pas grand chose tu sais... Et ni compte même pas toi! Je bosse ici alors arrête de vouloir faire du charme à mes collègues pour avoir ce que tu veux.

Il est vrai que mon ami à un charme fou. Si je n'avais pas eu mes pouvoirs, j'y aurait sans aucun doute succombé et nous ne serions pas là à boire un verre... Ma collègue vient et il commande. Je lui fais signe d'en mettre un deuxième, prenant la même chose que lui. Cela ne me fera pas de mal et me réveillera un peu. Alors qu'elle s'éloigne je repose mes yeux sur Shane,

-C'est moi qui t'invite pour venir égailler ma soirée! Alors tu as fait quoi de ta journée?

Il a peut être continuer à chercher un boulot? Fais du ménage? Oh mon esprit divague à cette pensée vers la salle de bain. Je rêve d'un bon bain chaud et moussant. Mais ça sera pour quand on sera rentré. Peu importe l'heure. Parce que le connaissant, on n'est pas encore rentrée. Après ce verre s'en suivront d'autres et il voudra très certainement allé danser. Je lève alors mon verre vers lui pour trinquer,

-A nous!

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportLa banquette sur laquelle je suis étendu est assez grande pour plusieurs, mais j’y prends tellement de place que Valentin n’ose pas venir s’y installer et préfère prendre place sur une chaise. Il est parfois si discret que je me sens sourire malgré moi. Je me redresse pour venir le taquiner.

— Ça va bien mieux quand je suis avec toi, tu devrais le savoir à force !

Je lui pince les cotes en riant, ce grand gaillard n’a pas beaucoup de gras pour protéger ses os ! Mais je suis comme ça, tactile, pétillant, c’est comme ça que j’exprime mon affection. Ma réponse peut paraitre idiote mais elle est 100% véritable car après tout, sans Valentin, ma vie serait bien différente. Après que j’ai commandé à boire, il comprend directement mon petit manège.

— Je ne fais pas de charme à tes collègues !
J’essaye de me défendre mais j’arrête immédiatement et affiche un sourire gêné. De toute évidence il n’a pas besoin de mes mots pour connaitre mes véritables intentions grâce à ses pouvoirs.
— Oui bon d’accord, on ne peut pas mentir à un télépathe, je suis bien placé pour le savoir. Sors de mes pensées, petit curieux !

Je me repenche en arrière quand il me demande comment s’est passée ma journée, car elle était particulièrement nulle. Ma mère est morte pendant que j’étais en captivité et je n’ai plus aucune attache à San Francisco, mais ces derniers temps j’essaye de retrouver les dernières traces de ma famille humaine.

— Rien de très intéressant. J’ai essayé de retrouver la trace de mes cousins humains, mais ils ont bel et bien disparu on dirait… ça fait presque 10 ans que je ne les ai pas vus en même temps, donc ils pourraient être n’importe où. Et mon entretien pour travailler dans un magasin en bord de mer n’a rien donné, personne ne veut embaucher quelqu’un qui n’a même pas son bac…

Je hausse les épaules et dissimule ma frustration derrière un sourire chaud, et mes yeux se font profonds, envoutants malgré moi. J’essaye toujours de ne pas utiliser mes pouvoirs quand je suis avec Valentin mais ce serait comme demander à quelqu’un d’arrêter de respirer.
— Heureusement, grâce à toi, je n’ai pas à me plaindre. Donc je lève mon verre pour te remercier, cher Valentin Kennedy !
Je trinque avec lui et viens lui ébouriffer un peu les cheveux tendrement en guise de remerciement.

— Et toi, ta journée ? Pas de démons sur ta route ? A part la beauté qui se tient en face de toi à cet instant précis bien sûr…
2981 12289 0

J'admire Shane quelque part. Il a un aplomb que je n'ai pas. Il est fonceur, il semble n'avoir peur de rien, il prend la vie comme elle vient, il ose... Non pas que je n'ai pas non plus mon caractère, mais je n'ai pas son aisance avec les gens. Il me dit que ça va mieux quand il est avec moi, je hausse les épaules. Il n'a qu'a battre un peu des cils pour avoir le monde à ses pieds. Mais je sais qu'il a vraiment un bon fond, ça se vérifie jour après jours depuis que je le connais. Parce qu'il aurait pu me tuer à maintes occasions, mais non. Je ne sais encore pas aujourd'hui ce qui a fait qu'il m'ait épargné et qu'il m'ait demandé mon aide. Mais moi aussi je lui dois beaucoup. Je rigole doucement lorsqu'il vient me pincer les cotes et je lui tire la langue,

-Je sortirai de tes pensées quand tu arrêteras de me raconter des bobards na!

C'est vrai qu'être un télépathe doublé d'un empathe, triplé d'un voyant, ça a ses avantages. Je ne peux pas balancer des boules de feu ou détruire une voiture d'un mouvement de main, mais mes capacités peuvent tout de même s'avérer très utiles. Je l'écoute alors me raconter un peu sa journée. Il cherche sa famille. Le pauvre, cela est difficile de ne plus avoir personne, je sais ce qu'il vit, je suis passé par là aussi il y a quelques années quand mes parents ont été tué...

-Si tu veux un coup de main pour essayer de retrouver ta famille, je me ferai une joie de t'aider. t'en fais pas pour le boulot, tu finiras par trouver puis... En attendant, te prends pas la tête pour ça, la maison est bien assez grande pour nous deux.

Je souris en trinquant et je bois une gorgée. Mon regard se plonge dans le sien et, je ne sais pas si c'est la gorgée que je viens de boire ou... Je me plonge dans ses yeux, je sens en moi la chaleur monter, mes muscles sont comme légèrement engourdis. Qu'est ce qui m'arrive? Mes joues deviennent rouges, mon coeur qui s'accélère. Je détourne alors le regard et expire discrètement pour reprendre un tant soi peu le contrôle. Son don de séduction était entrain de me happer. Bien qu'il n'est de base pas vraiment besoin de ce pouvoir. Mais il faut que je garde la maîtrise. Alors je souris lorsqu'il m'ébouriffe les cheveux, j'entre la tête entre mes épaules. Son contact m'apaise, je me sens bien avec lui, il me met plutôt en confiance.

-Nop pas de démon volage jusqu'à ton arrivée... Seulement du boulot et une foule monstrueuse de clients...

Lui répondais-je en buvant et terminant mon verre. Cela faisait un bien fou et allait me réveiller un peu. Je me tournais vers le bar et lever la main en faisant le signe que mes collègues m'en apporte un nouveau dès que possible.

-Alors Beauté Fatale, c'est quoi le programme de la soirée? Boire, danser et s'amuser jusqu'au petit matin?

Lui dis-je en lu faisant un clin d'oeil. Je commençais à le connaître l'Incube. Il avait le chic pour toujours nous faire passer des soirées complètements folles. Si avant j'étais exténué, petit à petit je retrouver ma bonne humeur et mon envie de faire la fête. Ma collègue reviens avec deux verres, je la remercie. Quand elle repart, je me lève et je viens m'asseoir à coté de Shane sur la banquette, posant l'un des verres devant lui, je lui donne un petit coup de coude dans les cotes,

-A cette soirée qui ne fait que de commencer... Dépêche toi de terminer et après on va danser!

Puis je siffle mon verre cul sec. Je sens alors petit à petit l'alcool se répandre dans mon organisme et me désinhiber un petit peu.

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportJe ris à gorge déployée en réponse aux justifications abusives de Valentin sur sa télépathie. Je frotte ma tempe avec mon index, pensant à tout ce qu’il peut trouver dans mon cerveau. Ce n’est pas mon genre d’avoir honte de quoique ce soit dans la vie, et heureusement, sinon je serai probablement rouge comme une tomate. Je me contente de rétorque :
— Qui sait les souvenirs auxquels tu as accès là-dedans… Pervers !
Je ricane de plus belle et lui tire la langue, comme un enfant.

Je déteste penser que je suis seul au monde. Plus de famille, plus d’amis ; c’est un nouveau départ complet que je vis actuellement, mais j’ai l’impression d’avoir commencé avec bien plus de difficultés que les autres. Heureusement que Valentin est là pour moi. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans lui. Malgré tout, j’ai ma fierté et je ne compte pas me faire entretenir éternellement.
— Merci Val mais t’en fais assez pour moi comme ça ! Et puis t’inquiète pas, j’te promets, j’serai pas un fardeau éternellement pour toi. Dès que je peux, je commence à te payer ma part du loyer. Et dès que j’ai assez d’argent, je me prendrais un appartement à moi, je ne veux vraiment pas abuser de ta générosité.
Je me suis habitué à vivre chez lui, et ne plus le voir tous les matins et tous les soirs me manquera énormément. Mais cet hébergement de fortune n’est qu’une solution temporaire, il ne faut pas que je l’oublie.

Quand je lui ébouriffe les cheveux, c’est presque comme si je m’attendais à le voir ronronner, déstabilisé par mes dons. J’y suis surement allé un peu fort. J’essaye de me faire pardonner et l’attrapant lorsqu’il vient s’asseoir à mes côtés et passe mon bras autour de ses épaules dans un geste affectif et joueur. Je glisse un baiser sur sa joue et fanfaronne :
— Hé bien, jeune Padawan, tu ne le sais pas encore mais ce soir on va faire en sorte que tu ne rentres pas seul ! Ton lit n’a pas connu d’autres personnes depuis si longtemps qu’il va commencer à rouiller.
Pour une raison que j’ignore, ou plutôt décide d’ignorer, la perspective de voir Valentin flirter avec d’autres personnes ne m’enchante que peu. Mais il le mérite bien, et l’aider à trouver quelqu’un pour des moments de plaisirs volés est littéralement la seule chose pour laquelle j’ai un certain talent. Je lui montre le dancefloor de la main, raffermissant ma prise sur lui pour le coller un peu plus à moi.
— Choisis quelqu’un. N’importe qui. Tu verras, j’suis le wingman parfait !

Je finis mon verre d’une traite et le relâche enfin, et saute dans une cabriole improbable par-dessus la table pour me relever. C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de me faire remarquer. Je tends la main vers lui pour l’inviter à me suivre, un grand sourire charmeur aux lèvres.
— Allez, en piste ! Tu viens ?
2981 12289 0

Oui effectivement je peux savoir ce que les gens pensent et ressentent a leur insu. Sauf que j'ai toujours pris soin de ne pas trop en abuser. J'ai appris plus jeune et a mes dépends que lorsqu'on fouille un peu trop, sa peut se retourner contre soi et qu'il y a certaines pensées qu'il vaut mieux laisser secrète. Donc loin de moi l'idée de torturer ce pauvre Shane, même si de temps en temps c'est plutôt amusant. Puis c'est un garçon plutôt honnête et franc donc pas trop besoin de fouiner. Je lève les yeux au ciel et prend une mine exaspérée quand il me dit qu'il ne sera plus un fardeau et qu'il abuse de ma générosité. De toute façon qu'il soit là ou pas, il faut que je paye les frais de la maison. Puis c'est quand même plus sympa depuis qu'il est là, on ne va pas se mentir. C'est toujours rassurant de ne pas être seul chez soi. D'autant plus avec toutes ces horribles visions qui m'assaillent la nuit. Je lui jette au visage les quelques gouttes du fond de mon verre,

-N'importe quoi toi... arrête de raconter des conneries.

Je dois bien admettre que l'idée qu'il parte me fais un petit pincement au coeur. Je m'habitue vraiment à sa présence, à ses vannes, son humour, son sourire, sa voix,... Je me perds dans mes pensées. C'est bien normal et tout naturel qu'il veuille son propre chez lui. Qui voudrait rester chez moi? Dans cette grande maison familiale vide. Puis je sens subitement son corps se coller contre le mien, ses lèvres venant déposer un baisé sur ma joue. Shane est très tactile, moi on ne m'a pas vraiment habitué à l'être. Non pas que je n'aime pas ça, mais je ne sais jamais trop comment réagir... Je deviens aussi rouge que les rideaux de velours aux fenêtres, heureusement que les lumières sont tamisées. Je suis probablement entrain de devenir encore plus rouge quand je l'entends m'expliquer le principe de la soirée. Il est sérieux? Mon coeur cogne fort contre ma poitrine. Moi qui d'ordinaire suis un professionnel pour débusquer les sentiments des autres, je ne parviens pas à expliquer ce qui m'arrive.

-Euh t'es sérieux Shane? Je ne suis pas sur que ça soit une bonne idée... Y a pas que le lit qui est rouillé...

Je regarde la salle en faisant mine de chercher quelqu'un. Mais en réalité, je ne veux surtout pas croiser le regard de Shane et qu'il voit mon malaise. Pourquoi? Tout simplement parce que quand mon colloc d'incube dit "depuis longtemps", ce qu'il ne sait pas c'est que cela s'approche plus du jamais... A l'école j'étais bien trop timide et effacé pour qu'il se passe quoique ce soit. Puis il y a eu la mort de mes parents, je me suis perdu dans mon boulot de barman, de sorcier, j'ai complètement laissé de coté ma vie privée. Puis faut pas se mentir, cela m'a toujours fait peur de tomber amoureux. Peur de souffrir, d'être blessé, abandonné,... Puis l'occasion ne s'est tout simplement pas présenté. Mais est-ce que je dois le lui dire? C'est quand même pas franchement glorieux, lui qui doit avoir plus de conquêtes que d'êtres humains sur terre... Je sens son étreinte autour de moi, chacun de ses muscles se serré, je déglutis.

-N'importe qui? Non mais je ne vais pas choisir n'importe qui!

Le voilà qui me relâche et fait un bon. Il me propose sa main pour aller danser. Je souris et l'attrape. Sans attendre c'est moi qui marche et qui l'entraîne vers la piste de danse. Une fois arrivée je commence à bouger au rythme de la musique. Mon sourire s'agrandit, cela fait un bien fou de relâcher toute la pression en dansant. Je jette un oeil à Shane et je lui lance alors,

-Oublie cette histoire de ramener quelqu'un, ça va, je t'assure!

C'est presque touchant, je sais que ça partait d'une bonne intention. Il veut m'aider, se sentir utile. Je ne devrait peut être pas repousser ainsi son aide. Cela ne doit pas être évident. Mais d'un autre coté, je n'ai pas trop envie de me jeter dans la gueule du loup avec un inconnu... Alors autant être malin et trouver une petite parade, qu'il puisse m'aider et se sentir utile et en même temps, que je ne risque rien,

-Mais si tu m'apprenais plutôt à draguer? Comment on fait quand on n'est pas un Don Juan et qu'en plus on n'a pas de pouvoir de séduction?

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportMon bras fermement agrippé autour de mon ami, je peux sentir son corps se raidir légèrement de cette situation inconfortable, ce qui m’amuse encore plus. Embêter et taquiner Valentin est en train de devenir mon passe-temps préféré on dirait !
— T’es rouge comme une tomate mon p’tit Val ! Qu’est-ce qui t’arrive ?

Je ris de plus belle lorsqu’il m’avoue qu’il est autant rouillé que son lit. C’est vrai que je ne l’ai jamais vu rentrer avec qui que ce soit, ni découcher depuis que j’habite avec lui. Comment c’est possible qu’un garçon aussi mignon que lui ne soit pas constamment l’objet de convoitise d’autres hommes, surtout avec un métier qui lui permet de rencontrer des dizaines de personnes chaque jour ? Si j’étais n’importe qui d’autre j’aurais sûrement sauté le pas depuis longtemps… Mais j’ai trop besoin de lui et de toute la stabilité qu’il apporte à ma vie pour risquer de tout gâcher. Toujours aussi tactile, je fais glisser mon bras de ses épaules jusqu’à son bassin, provocateur.
— Hé bien raison de plus, je vais te dérider tu vas voir ! On va mettre ces hanches à bon escient !

La main de Valentin dans la mienne, je l’emmène ensuite jusqu’au centre du dancefloor. J’ai un secret : je suis un assez mauvais danseur ; mais personne ne l’a jamais vraiment remarqué. Mon pouvoir agit à ma place, prend le dessus sur mes mouvements, les rend chauds et hypnotiques. C’est comme si j’effectuais une parade nuptiale, une danse rituelle qui fait saliver ceux qui croisent mon regard. Ce soir ne fait pas exception, mais j’ai d’autres priorités que draguer la première venue. Ce soir, il n’y a que Valentin qui compte. Collé serré contre lui, mes mains glissent sur ses hanches alors que nous nous trémoussons en rythme. Il m’avoue pourtant n’avoir aucune envie que je l’aide à trouver de la compagnie pour le reste de la nuit.
— Pourquoi pas ?
Je le fixe un instant, hausse les épaules. Au fond, ça m’arrange, on ne va pas se mentir. J’essaye de masquer ma surprise derrière une blague vaseuse.
— Ok, ok, comme tu veux ! Mais tu sais tu vas redevenir puceau à force de faire abstinence !

Je le fais tourner sur lui-même, pirouetter sous mes bras dans un pas de tango complètement inapproprié par rapport à la musique electro que le DJ joue. Valentin me demande de lui apprendre à draguer, et je fixe ses grands yeux magnifiques quelques secondes. Je lui murmure à l’oreille :
— Ce que j’ai, ça ne s’apprend pas…
Nous nous trouvons soudain face à face, mes mains pressant la chute de ses reins. La magie opère, dépasse mes actions conscientes. J’ai le corps brûlant, les yeux scintillants d’une couleur chaude. Mon souffle caresse doucement sa peau, enivrant. Nos visages se rapprochent, et pendant une seconde il semble que nous allons nous embrasser.

Réalisant soudain ce que je suis en train de lui faire, je me concentre pour cesser cette petite hypnose involontaire, me glisse dans son dos et le prends tendrement dans mes bras comme pour m’excuser.
— Enfin, on peut toujours essayer ! La séduction, tu l’as dans tes tripes, c’est lié à ton désir.
Je presse doucement contre son ventre pour appuyer mes mots.
— Dis-moi, Valentin, qu’est-ce que tu désires réellement ? Si tu avais une baguette magique, là, tout de suite, qu’est-ce que tu ferais ?
2981 12289 0

J'ai un coup de chaud, je perds tous mes moyens, déjà que j'en n'avais pas énormément. Même mes dons sont rendus complètement inefficaces. Je ne sais pas ce qui se passe, ce qui me fait cet effet. Est-ce seulement son pouvoir de séduction? Non, ça serait réduire Shane. Ce n'est pas que son joli minois, son corps parfait et son sourire charmeur, il y a autre chose que je ne m'explique pas ou que je refuse de m'expliquer. Je le voix s'amuser de la situation et de mon malaise, il m'exaspère autant qu'il m'émeut,

Moi?! Mais pas du tout je ne suis pas rouge, n'importe quoi!

Tentais-je éhontément de me défendre alors que mon visage montrait très clairement le contraire. Je sens son bras descendre de mes épaules et sa main venir se poser sur mon bassin. C'est bien la première fois qu'un homme me touche de la sorte. Un frisson me parcours tout le corps. Ce n'est pas désagréable. J'entends ses petites piques, pour toutes réponses, je lui tire la langue. Me déraidir! Il est plus âgé que moi d'abord! Il me voit comme un petit vieux ou bien? Pas le temps, ni l'envie de répliqué une vanne, le voilà qui m'agrippe et m'attire jusqu'à la piste de danse. Heureusement, je suis plutôt à l'aise sur la piste. Mais une fois de plus je ne m'attendais pas à ce rapprochement. Le voilà tout contre moi, ses main sur mes hanches. Machinalement, sans réfléchir, je pose une main contre son torse et pose l'autre au niveau de sa nuque. Je suis le mouvement de la musique. Je suis troublé. Il me relance une petite vacherie, me disant que j'allais redevenir puceau à resté abstinent, si il savait... Mais je profite de la proximité pour lui donner un petit coup de poing avec la main posée sur son torse. Mais mon regard fuit un bref instant. Je n'ai jamais eu honte de ma virginité, hormis ce soir.

-Toi c'est sur aucun risque Don Juan

Lui lançais-je avec un petit sourire en coin. Mais voilà qu'il me fait tournoyer et plongeant son regard dans le mien, il me murmure qu'il ne pourrait accéder à ma demande parce que cela ne s'apprend pas. Mais son regard se fait tout à coup plus hypnotique, je suis happé. J'oublie tout le reste. Je sens ses mains serrer ma taille, son souffle sur ma peau tel une petite brise. Je suis comme happé littéralement par lui. La musique semble un chuchotement lointain, les gens deviennent des fantômes évanescents, mes yeux ne quittent pas les siens. Seulement pour s'attarder de temps à autre sur ce magnifique visage, ses lèvres... Je m'approche inexorablement d'elles, lentement, doucement, mon coeur s'emballant peu à peu. Je suis moite, j'ai chaud, comme des petits papillons dans mon estomac et un feu brûlant s'allumant au creux de mes reins. Léger, je me sens extrêmement légers. Un moment suspendu dans l'éternité...

Soudain il brise cet instant magique. Je me sens comme arraché à un merveilleux songe. Tout reprend vie, la musique cogne mes tympans, les gens réapparaissent avec force, je me sens tout à coup presque étouffé. Je me rends compte petit à petit de ce qui vient de se produire. Pourtant, je ne suis pas fâché et étrangement mon coeur lui n'a pas cessé de cogner dans ma poitrine alors qu'il vient se positionner dans mon dos. Je sens ses bras m'enlacer, sa main s'appuyant sur mon ventre. Il parle à mon oreille. Chacune de ses paroles me percutes. Qu'est-ce que je désir? Qu'est ce que je veux? Tout se bouscule dans ma tête, dans mon corps. Je suis pour la première fois le jouet de mes propres pensées et de mes sentiments. Ironique pour un télépathe-empathe... Je ne sais pas si c'est les deux verres bus rapidement, la fatigue, l'ambiance ou ce qui vient de se passer il y a quelques secondes. Mais sans réfléchir, je laisse mon corps faire.

Je me retourne alors tout d'un coup, sans prévenir. Une fraction de seconde, mes yeux se plantent dans les siens et mon regard descend sur ses lèvres et guider par simplement le désir, je plaque alors mes lèvres contre les siennes. Je sens la douceur de ses lèvres, je sens une chaleur, une apesanteur m'envelopper. Un instant hors du temps et du monde. Puis je me rends compte de ce que je suis entrain de faire. Je me détache alors rapidement de sa bouche. Je sens la panique monter en moi. Qu'est ce que je viens de faire?!

-Je... désolé... Excuse moi...

Je me défais de son étreinte et d'un pas, je me tourne et je quitte à pas pressé la piste de danse. Sans regarder personne, mort de honte, je ne quitte pas le sol des yeux et je file à toute allure dehors. J'ai l'impression d'étouffer. J'arrive dehors, l'air frais du soir vient rafraîchir mon visage incandescent. Je passe ma main dans mes cheveux, la scène ne cesse de tourner dans ma tête. Qu'est ce qui m'a pris de l'embrasser? Il vit chez moi, je l'adore, je n'ai pas envie de mettre en péril notre relation. J'essaye de prendre de grande inspiration pour me calmer. Je m'adosse au mur un peu plus loin de l'entrée. Mais quel con je fais... Qu'est ce qu'il va penser de moi? Avec un peu de chance, ça va le faire marrer, il va me lancer une vacherie et je pourrais toujours me défendre en disant que j'ai trop bu non? Tout reviendra à la normale... J'espère y croire et pourtant, est-ce que j'ai envie que tout revienne à la normal? Est-ce que j'ai envie de le perdre? Voilà toute la question que Shane vient de me poser, qu’est-ce que je désire réellement ?

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportLe rythme effréné de la musique me rapproche un peu plus du corps de Valentin à chaque beat. Nous sommes deux aimants que la polarité inversée rapproche inexorablement sans qu’aucun de nous ne puisse lutter contre cette incroyable force de la nature qui semble nous pousser l’un contre l’autre. Accroché à lui comme à mon dernier souffle de vie, je m’imprègne de sa présence, de tout ce qu’il est. Mes mouvements sont lents, lascifs. Mes lèvres ne sont qu’à quelques centimètres de son magnifique cou déployé alors que j’attends qu’il réponde à ma question. Je pourrais glisser mes lèvres contre sa peau, là, maintenant, tout de suite. Je pourrais gouter sa peau que je devine délicieuse, marquer sa chair d’un petit suçon possessif et érotique pour lui montrer à quel point il m’a toujours fait envie.
Mais je n’en ferai rien. Je me gifle mentalement, honteux des pensées que je nourris envers mon seul véritable ami dans cette ville.

Perdu dans mes pensées, je sens à peine le corps de Valentin se tourner contre le mien. Soudain, nos lèvres scellent un baiser aussi brusque qu’inattendu, et le temps se suspend autour de moi. Suis-je en train de rêver ? Mes lèvres cherchent celles de Valentin, avides. Je n’en ai jamais assez. Je voudrais l’embrasser plus langoureusement encore, lui faire ressentir tout le désir que je nourris pour lui. Mes mains se glissent frénétiquement dans son dos. Affamé. Voilà le fardeau que je porterai toute ma vie, en tant que succube. Je serai toujours affamé de ces instants volés, et toujours trop brefs à mon goût.

Aussi vite que ce baiser n’a commencé, il se termine déjà. Valentin se glisse hors de mes bras avant que je ne puisse l’en empêcher. Mes doigts agrippent l’air, cherchent son corps là où il se trouvait une seconde plus tôt, mais je n’arrive pas à l’attraper qu’il s’est déjà enfuit. Je passe un doigt sur mes lèvres, confus. J’en ai encore le souffle court. Qu’ai-je fait ? Sera-t-il capable de me pardonner de l’avoir séduit de la sorte ? Il faut que je le retrouve au plus vite et m’excuse platement avant que les choses ne s’enveniment.

Je retrouve mon bel adonis en dehors du club, comme s’il était sur le point de partir et m’abandonner pour de bon.
— Val… Attends… Je suis désolé d’avoir fait ça, excuse-moi…
L’air frais me fait du bien, il éclaircit mes pensées. Quel idiot ai-je été de me laisser enivrer par la chaleur de la piste de danse et de nos mouvements ! Je lui prends la main, comme pour le retenir. Je n’ose pas soutenir son regard, j’ai trop peur d’y trouver sa déception.
— Tu es la seule personne qui en a réellement quelque chose à foutre de moi depuis… très longtemps. Je ne voulais pas gâcher ce qu’on partage. T’es hyper important pour moi, si tu savais…
Je soupire et porte sa main contre mes lèvres pour y déposer un petit bisou tendre.
— Écoute mes pensées, tu sais que je suis sincère. Je ne supporterai pas de te perdre.
Pour la première fois, je redresse les yeux et ose retenir son magnifique regard. Je n’avais pas remarqué à quel point nous étions proches. Sa respiration produit un peu de buée dans la fraicheur de la nuit, et je dois me forcer pour ne pas me perdre dans la contemplation de ses lèvres.
— Est-ce que tu peux me pardonner ?
2981 12289 0

Tout se bousculait dans ma tête. Qu'est-ce qui m'avait pris? Pourquoi l'avais-je embrassé? Cela s'était imposé à moi comme une évidence, si subitement. Que pouvais-je croire? Que pouvais-je espérer? Voilà maintenant plusieurs mois qu'il vit chez moi. Ce soir, cela m'explose à la figure comme une violente gifle. Sans que je ne m'en rende compte, toute l'amitié que je lui portais c'était muée en quelque chose d'autre, sans que je ne veuille me l'avouer. Pas seulement parce qu'il est beau, qu'il a un corps parfait, un sourire ravageur, qu'il est un Apollon ténébreux. Parce que je le connais bien au delà des apparences qu'il projette. Parce qu'il m'apaise et me rassure, parce qu'il me fait rire aux éclats autant qu'il lui arrive de m'exaspérer. Parce que je l'ai connu dans des moments difficiles et cruciales. Mais dois-je prendre le risque de sacrifier cette belle amitié sur l'autel de mes sentiments? Après tout, il peut avoir le monde à ses pieds, il peut s'éprendre des plus beaux et des plus belles... Alors pourquoi moi? C'est comme vouloir retenir la tempête ou le raz de marée. Je dois me ressaisir et ne pas tout foutre en l'air en m'accrochant à un rêve impossible.

Mais sa voie m'arrache soudainement à tout ce flot de pensée qui m'assaille. Je ne comprends pas sur le coup. Pourquoi s'excuse-t-il? Je l'écoute et ne comprends pas sur le moment. Puis tout me viens. Il pense que je l'ai embrassé à cause de son don de séduction... Que faire? Jouer là dessus et me déculpabiliser? Non je ne peux pas être aussi peu honnête avec lui au point de le laissé croire que tout ceci est de sa faute. Surtout que je l'écoute, il est sincère, il me parle franchement et sans détour. Il plonge alors son regard dans le mien et mon coeur fait un bon. Rien que son regard me rappel toute la raison de ce baiser et j'en viens presque à ne pas le regretter. Mais que va-t-il penser si je me montre aussi sincère à mon tour? C'est un risque cruel que je dois prendre probablement. Mon regard se fait plus doux, mes joues se rougissent légèrement quand à mes aveux à venir.

-Je n'ai pas besoin d'user de mes dons, je te crois Shane... D'ailleurs tu n'as absolument pas à t'excuser, tu n'as rien fait de mal. Parce que toi non plus tu n'as pas eu à user de tes dons pour recevoir ce baiser...

La panique me prend, je sens l'angoisse monter, la peur qu'en cet instant précis tout ce brise. J'ai envie à nouveau de fuir, de courir sans me retourner. Alors je prends une profonde inspiration et j'expire doucement pour me calmer. Je dois rester et faire face, sinon tout sera fini c'est sur. Je me force à continuer,

-Toi aussi tu es hyper important pour moi Shane, je n'ai pas envie de te perdre. Je ne veux rien gâcher non plus... Alors peu importe ce qui c'est passé, t'avoir comme ami c'est déjà énorme pour moi.

Je lui fais un petit sourire. Parce que je ne veux pas qu'il angoisse, qu'il se dise que je suis entrain de vouloir plus, qu'il me doit quelque chose, qu'il se sente enfermé. Mais si une part de mon coeur continuera probablement d'espérer. Mais peu importe mes sentiments, ce que je peux éprouver, tant qu'il reste dans ma vie. Quelque soit la forme que ça prendra... Enfin je crois. Je m'étire légèrement,

-Maintenant, si ça ne t'embête pas, j'aimerai bien qu'on rentre, avant que je n'ai une autre brillante idée pour me ridiculiser ce soir...

Dis-je en rigolant doucement et en roulant des yeux pour essayer de rendre les choses à nouveau plus légères. Puis je n'ai aucune envie de retourner à l'intérieur après ce qui vient de se passer. A tous les coups un ou plusieurs collègues à du me voir et ça a du faire tout le tour du club en une demi seconde. Donc pas encore prêt à leur faire face. Je préfère attendre, le plus tard sera le mieux. Puis j'espère encore terminé cette soirée aussi bien qu'elle a commencé. Pourquoi une petite soirée détente et cocooning à la maison? Enfin sauf si Shane préfère faire l'oiseau de nuit et s'envoler vers d'autres horizons, au vu de ce qui vient de se passer, je ne pourrais pas lui en vouloir. Heureusement que c'est moi le télépathe et l'empathe de nous deux, sinon je serais dans un pétrin monumental!

Dance MonkeysValentin Kennedy & Shane DavenportLa main de Valentin serrée dans la mienne, j’ai du mal à comprendre ce qu’il essaye de me dire. Une épaule appuyée contre le mur en briques froid, je joue machinalement avec ses phalanges. C’est plus fort que moi, je suis tactile, c’est toujours en tripotant tendrement le corps de l’autre personne que j’arrive à lui témoigner mon affection. Lui me dit que je n’ai pas eu besoin de mes dons pour le pousser à m’embrasser, qu’il a peur de me perdre… Je suis confus et fronce les sourcils, j’essaye de détailler ses expressions dans la nuit mais l’obscurité rend les choses difficiles et je n’arrive pas à déchiffrer son visage totalement.
— Attends… T’es en train de me dire que…
Ma voix s’évanouit dans la nuit. Je n’ose pas le dire, de peur de passer pour le plus gros idiot du monde. C’est si dur de mettre sa fierté de côté dans ce genre d’instants qui pourraient tout changer, mais le risque d’être blessé est tel que l’on finit toujours par se protéger…

Hésitant, mes mots se perdent dans ma gorge et avant que j’arrive à m’exprimer clairement, Valentin me dit qu’il veut rentrer. Je le sens déjà se détacher de moi et l’instant qui nous rapprocher est sur le point de s’envoler. C’est ma dernière chance, c’est maintenant ou jamais ! Après, il sera trop tard, et je n’aurais plus le courage de lui dire clairement ce que je pense.
— Je suis d’accord, rentrons. Mais avant…
Je le rattrape doucement, fais glisser son corps tendrement contre le mien pour venir l’adosser au mur. Ma main plaquée contre le mur à quelques centimètres de lui, je me tiens si près que je peux sentir son souffle contre moi. Je suis terrifié de ce qui va suivre parce que je ne suis jamais senti aussi intimement lié à quelqu’un, malgré mes pouvoirs, malgré ma nature profonde. Ce qu’il fait naitre en moi, je ne l’ai jamais éprouvé auparavant pour qui que ce soit.
— Et si… je voulais qu’on soit plus qu’amis ? Ça serait un problème ?

Je cherche à déceler un signe dans son regard, n’importe quoi qui me convaincrait que je ne vais pas tout perdre à poursuivant mes paroles. Mais c’est un risque que je dois prendre, parce que la perspective de ce que je veux avec lui en vaut la peine…
— Qu’importent les conséquences et nos peurs mutuelles. Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure quand je t’ai demandé ce que tu voulais au fond de toi, alors voilà ma réponse : moi ce que je désire c’est toi ! Je te veux, toi et personne d’autre que toi.
Je reprends mon inspiration, j’ai tout déclamé dans un seul souffle, comme si j’avais retenu trop longtemps que les mots voulaient sortir de moi aussi vite que possible.
— Et tant pis si je gâche tout, si je me retrouve à la rue en te disant tout ça… Je ne veux plus taire mes sentiments. Je craque pour toi, Valentin Kennedy.

Au plus proche de son corps, je me penche encore davantage en avant. Mes lèvres sont à la recherche des siennes et je viens l’embrasser, d’abord avec tendresse et timidité, puis en y mettant toute la passion que je ressens pour lui en faisant glisser mes mains sur son corps.
2981 12289 0

Bien entendu qu'il avait compris ce que je ne parvenais pas à lui dire. J'avais d'autant plus de mal à resté devant lui. Si il se moquait de moi? Je crois que j'en mourrai littéralement de honte. Se dire qu'un mec comme moi puisse bêtement éprouver quelque chose pour un gars comme lui. Pourtant je frisonne au contact de ma main dans la sienne, de ses doigts jouant avec les miens. Il a toujours été tactile, mais c'est sa nature, je ne dois pas me faire de fausse idée. J'ai presque envie de rentrer à l'intérieur du mur quand il me demande si il a bien compris ce que je suis entrain de lui dire. Mais je suis incapable de répondre quoique ce soit et de m'enfoncer encore plus. Je tente de partir pour rentrer mais il me retient. Je me laisse machinalement guider dès qu'il pose ses mains sur moi, telle une marionnette. Je sens le trouble soudain qui le parcours. Cela ne fait qu'ajouter à mon propre trouble. Il me plaque doucement contre le mur, mes yeux se plonge dans les siens.

Puis la phrase. Ai-je bien entendu moi aussi? Plus qu'amis? Mon coeur manque un battement alors que ma tête fait non. Parce que non ce ne serait pas un problème. Enfin je ne sais pas, je ne sais plus. Qu'attend-t-il? Que veux-t-il? Mes lèvres tremblent comme mon corps doucement. Voilà des mois que l'on se fréquente, une amitié solide et forte c'est établie. Aujourd'hui, mon coeur m'a fait comprendre que je le voyais, je le désirais autrement. Un Incube peut-il seulement se plonger dans une relation amoureuse? Shane m'a montrer combien il était différent de ses congénères, faisant naître cet espoir en moi. Ses paroles alors jaillissent, tel un flot d'eau cristalline qui emporte sur son passage mes craintes et mes doutes. Ses paroles me touchent en plein coeur, je les sens, je les sais sincère. Je peux sentir sa propre crainte mais aussi ce tourbillon qui prend d'assaut son coeur. Alors qu'il reprend la parole un sourire se dessine sur mon visage, presque béa. Une chaleur m'envahit, je n'ose même y croire, j'ai l'impression de rêver. C'est tout juste si mes jambes parviennent à me tenir debout. J'entends ses paroles comme le plus beau des poèmes.

Puis ses lèvres se collent aux miennes. Instantanément, ma bouche répond à sa bouche. Venant coller plus ardemment mon corps contre le sien, mes bras venant l'enlacer. Je sens une telle passion m'envahir, nous envahir. Mon souffle est court mais je parviens à détacher mes lèvres des siennes. Le sourire vient y reprendre place...

-Je craque aussi pour toi, Shane Davenport...

lui murmurais-je. Tentant de reprendre mes esprits. Prenant un petit peu de distance, même si je me sens attirer par son corps tel une abeille par le miel. Une envie folle de rester tout contre lui à tout instant. J'ai la tête qui tourne légèrement. Toutes mes pensées, mes émotions, mélangés aux siennes... Un cocktail qui vaut tous les alcools du monde. Je viens déposer un doux baiser sur sa joue, juste au coin de ses lèvres,

-Je ne te mettrais pas à la rue, t'as pas à t'en faire pour ça va...

Une part de moi à peur. Je n'ai jamais eu de relation sérieuse et intime avec quelqu'un. Alors avec un Incube déjanté mais terriblement attachant... Mais il m'a ouvert son coeur, je sens la sincérité de ses mots et de ses sentiments, cela apaise mes craintes. Je suis d'une nature qui manque de confiance en moi, alors faire confiance aux autres. Mais je sais que je peux compter sur lui, il me l'a déjà prouvé plus d'une fois. Je rigole doucement, j'ai beau avoir le don de prémonition, ça, je ne l'avais pas vu venir. Je prends sa main dans la mienne, me dégageant doucement du mur et je commence à avancer, lui faisant signe de me suivre. Je voulais rentrer, j'avais tellement d'émotions qui me parcouraient en cet instant, heureusement que le vent frais du soir me permettait de respirer un bon coup. Puis je lui lance alors avec une voix chaleureuse, presque amusée,

-Je ne sais pas où ça nous mènera... Mais je veux bien tenter l'aventure, si c'est avec toi.

Puis je lui lance un petit clin d'oeil avant de rougir à nouveau légèrement. Est-ce qu'on vient réellement de s'avouer qu'on éprouvait l'un pour l'autre des sentiments plus profonds que de l'amitié? Est-ce qu'on prend réellement le chemin doucement d'une vie... A deux? Tout et pareil et à la fois différent, une sensation étrange mais qui m'emplie de chaleur. Je marche alors tranquillement à ses cotés dans la nuit. Avec la hâte presque de retrouver le cocon de la maison familiale, à l'abri de tous les regards. Juste lui et moi.

Contenu sponsorisé

» Valentin Kennedy
» Liens de Valentin Kennedy
» you can stop the future if you know the right people. (valentin)
» Work Work feat Valentin