To transmit in my turn [pv Henry]

Assis dans mon bureau à traîner sur le net, j'attendais la visite de Valentin à qui j'avais envoyé un message hier au soir pour lui demander de venir ici, lui qui avait autrefois été mon élève, mon protégé et que je considérai presque comme un petit frère maintenant. Il n'était pas rare que je lui demande de m'assister dans certains de mes cours, c'était positif pour lui, pour moi mais aussi pour les élèves de voir un jeune sorcier fraîchement sortit de l'école. Il pouvait les aider, leur parler de son parcours, de ses pouvoirs et les jeunes pouvaient plus facilement s'identifier à lui du fait de son âge. Lorsque l'on frappa à la porte, je fermai le pc en vitesse, me réajustai sur ma chaise et demandai à la personne d'entrer, sachant pertinemment de qui il s'agissait vu que je n'attendais que lui. « Monsieur Kennedy, asseyez-vous. Vous allez avoir des problèmes croyez-moi. » lui lançai-je en faisant au mieux pour garder mon sérieux. S'il y a une chose qui me plaisait dans mon métier, c'était sentir le stress et la peur monter dans le cœur de mes élèves lorsque je prenais ma voix grave. Un regard menaçant, un ton ferme et froid et le tour était joué. Un vrai jeu d'enfant. Bien sûr Valentin n'était plus l'un de mes élèves dorénavant et si je lui avais demandé de venir aujourd'hui c'était pour m'aider avec un de mes élèves, pas pour des remontrances. « Comment tu vas depuis la dernière fois ? » J’adoucissais finalement mon visage en affichant un large sourire. « J'espère que mon message n'a pas coupé cours à une quelconque activité que tu aurais prévue cet après-midi ? » Surtout que l'on risquait d'en avoir pour un petit moment vu l'ampleur de la situation.

Depuis la fin de sa scolarité, j'avais gardé le contact avec lui et il venait régulièrement me donner un coup de main avec les sorciers possédant le même type de pouvoirs que lui. Non pas que j'étais dépassé par ce genre de pouvoirs puisque j'avais déjà réussi par le passé à aider Valentin mais l'élève en question me donnait un peu de fil à retordre tant ses pouvoirs étaient puissants et hors de contrôle. « On à un nouveau sorcier télépathe d'à peine neuf ans qui ne contrôle absolument rien, même avec mon aide, rien ne marche la situation ne s'arrange pas. Il est constamment submergé par les pensées de tout le monde autour de lui et ça en devient très dangereux. Hier, il m'a fais traversé un mur en projetant une sorte d'onde psychique. Je me suis dis qu'un autre télépathe saurait peut-être comment s'y prendre avec lui. » A ma connaissance, Valentin ne possédait pas encore cette extension du pouvoir de télépathie. Lui qui disait avoir des pouvoirs passifs, c'était là un moyen pour lui d'en avoir la preuve concrète, chaque pouvoir pouvait être une arme. « Tu n'es pas obligé d'accepter bien sûr, je ne voudrais pas que tu le fasses parce que tu te sens redevable ou une autre connerie du genre. Ça peut être dangereux. » Rajoutai-je. En effet, rien ne le pousserait à accepter de m'aider et je ne m'en offusquerai même pas. Je pourrai comprendre son refus. L'école de magie était protégée par un charme qui empêchait de mourir mais la douleur que l'on pouvait ressentir était bien réelle.

« Tu as troqué une journée de boulot contre une autre, pas sûr que ce soit mieux. Melinda ne te fait pas de misères au moins ? » Oui le jeune homme travaillait pour ma cousine au P3, ce club que ma tante avait ouvert il y a très longtemps et qui marchait toujours autant qu'à ses débuts alors en cas de besoin, je pouvais intervenir auprès d'elle. Elle et moi étions assez proche pour que je me permette ce genre de chose sans que cela ne soit mal interprété ou quoi que ce soit d'autre. « Moi tout roule, entre la chasse aux démons, le boulot de directeur et de professeur je n'ai pas de quoi m'ennuyer ! » Même si j'aurai préféré le contraire. De temps à autre, un peu de répit ne fait pas de mal.

Comme je l'avais espéré, le jeune homme accepta sans broncher de me venir en aide concernant ce cas particulier d'élève en détresse. C'était quelqu'un de confiance et je savais que je pouvais compter sur lui même dans les situations les plus dangereuses, comme il pouvait compter sur moi aussi si il avait besoin d'aide. J'étais toujours là pour les gens qui m'entouraient, d'autant plus quand je connaissais ces personnes depuis longtemps et que je les appréciais.

Valentin avait déjà tout un tas d'idées quant à la manière de parvenir à nos fins et ça faisait plaisir à voir. Lui que j'avais formé autrefois avait déjà fais ses preuves et était devenu un sorcier doué ainsi une bonne personne. J'en étais très fier. Il est vrai qu'en pouvant lire ses pensées et ses émotions, cela pourrait nous permettre de comprendre d'où venait le problème avec ses pouvoirs. Ces derniers étant liés à nos émotions, la maîtrise de celles-ci était primordial pour parvenir à les contrôler.

« Je te remercie d'accepter. C'est ce que je me suis dis, avec tes pouvoirs tu arriveras plus vite que moi à trouver le problème. Surtout que ce n'est pas un grand bavard donc difficile de lui faire dire quoi que ce soit. »

Dans la situation actuelle, j'avais besoin d'un sorcier aux pouvoirs psychiques tant mes pouvoirs à moi ne serviraient à rien. Même en temps normal, la moitié de mes pouvoirs ne servait qu'à rendre ivre et charmer, c'est pas ça qui allait m'aider même si je dois bien avouer que ça pouvait être utile dans tout un tas d'autres situations et que ça m'avait sauvé la mise quelque fois, en plus de pimenter mes soirées.

« D'après sa mère il ne s'est rien passé de spécial mais elle m'a parlé de la naissance de sa sœur qui est arrivée peu de temps avant tout ça. J'ai essayé de creuser dans cette direction mais il refuse de répondre, il se contente de me fixer et sûrement lire mes pensées. Tu auras plus de chances que moi à ce niveau-là. » Tout deux télépathes, si le garçon refusait de parler ils pourraient toujours communiquer ensembles dans leurs têtes car s'il est facile de se taire, ça l'est beaucoup moins de mettre nos pensées sur pause.

Je me levai de ma chaise, invitant Valentin à me rejoindre pendant que je sortais du bureau pour rejoindre la classe où la mère du petit Donovan devait déposer son fils. «Et sinon, ta vie sentimentale c'en est où ? » lui demandai-je. Ouais j'y allais franco, ça m'intéressait de savoir où il en était et je savais que je pouvais me permettre ce genre de question avec lui. Arpentant les longs couloirs de cette école sans fin, nous finîmes par arriver devant la salle de classe vide et je m'adossais au mur en attendant la femme et son fils. Ce n'était pas une attitude très professionnel mais le couloir était vide et me redresser ne prendrait qu'une seconde.

Les urgences familiales, c'était en effet une excuse que bon nombre de membres de ma famille utilisaient à tout va pour justifier leurs absences au boulot. Il ne se passait pas une semaine sans que cette phrase ne sorte de notre bouche, nous, les Halliwell. Allier vie de famille, travail et magie n'était pas chose aisée et c'est pourquoi j'avais renoncé à avoir une vie de famille un jour. Trouver quelqu'un, me marier, fonder une famille ne faisait pas partie de mes rêves pour le moment. Des rêves, je n'en avais que très peu d'ailleurs, je vivais au jour le jour sans me soucier du futur, me contentant de survivre un jour de plus dans ce monde ravagé par le mal et ne pas finir comme mes parents, oncles et tantes.

Attendant l'enfant et sa mère, Valentin répondit à ma question sur sa vie sentimentale avec une voix et une mine qui me laissait penser qu'il mentait. « R.A.S ? J'en crois pas un mot ! Je sais ce que c'est que d'être un beau mec à San Francisco !  » Et ça pour le savoir, je le savais que trop bien. C'était comme être un morceau de viande au milieu d'une meute de chiens affamés. Comme être un point d'eau en plein désert, un coin d'ombre en plein soleil, 'fin vous voyez le genre quoi. Néanmoins, à chacun son jardin secret et s'il ne désirait pas me confesser d'avantage de choses, je m'en accommoderai. Je n'allai pas le forcer tout de même. « Moi ? Tu sais c'est pas fais pour moi les histoires d'amour, mes aventures durent rarement plus d'un soir et ça me va très bien. » Heureusement que je n'étais plus son directeur parce que je ne me serai jamais permis ce genre de phrase mais au jour d'aujourd'hui, nous étions suffisamment proche pour parler de tout, du moins, c'est ce que j'espérai. J'avais pensé à Aspen tandis que je lui répondais, l'homme que j'avais rencontré l'autre soir et avec qui j'avais dîné. Je ne l'aimais pas, non il était bien, bien trop tôt pour ressentir ça mais disons que s'il continuait dans sa lancée, ça allait finir par arriver. Il me plaisait c'était certain. Il était si parfait. Merde, j'espère que Valentin n'était pas dans ma tête à écouter tout ça, la honte. « Pas sûr que je me marie un jour mais si ça arrive, ce ne sera pas avec mon boulot non. Je ne ferai pas ça toute ma vie je le sais. » En effet, je me connaissais et arriver à un moment, j'allai péter un câble et tout envoyer bouler pour trouver une nouvelle occupation dans la vie comme je l'avais toujours fais. Il y a un jour dans ma vie où je cesserai de me consacrer aux autres pour m'occuper essentiellement de moi et c'était bien normal.

La jeune femme et l'enfant finirent par arriver alors que je me redressai pour faire bonne figure devant eux. Leur souriant de toutes mes dents lorsqu'ils furent à mon niveau je tendais la main pour la saluer. « Bonjour madame. » lançai-je alors avant de m'agenouiller devant le petit. « Ça va aujourd'hui ? Tu es prêt pour le cours ? » Un grand silence s'installa alors que sa mère s'excusait pour lui. Il n'y avait pas besoin, je savais très bien qu'il n'était pas bavard je le connaissais depuis le temps. Lui assurant qu'il était entre de bonnes mains, la mère repartit après avoir embrassé son fils que je laissai entrer dans la salle en faisant de même. « Je te présente Valentin, lui aussi est capable de lire les pensées des autres, comme toi. Il va tâcher de t'aider au mieux. » En espérant que cette information dériderait un peu le garçon car pour ce qui allait suivre, il faudrait qu'il soit totalement détendu et prêt à y mettre du sien.