just like a moth drawn to a flame (henry)

Henry & Aspen

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Aspen s’étira et se surprit à jouer avec le col de sa chemise immaculée contre sa veste noire. Pourquoi était-il soudain si nerveux ? Le monarque pouvait décimer un champ de bataille sanglant sans battre un cil, ou mener une OPA hostile contre une entreprise du CAC40 dans un calme cynique – mais la perspective d’un rendez-vous romantique suffisait à lui donner un nœud dans le ventre. Bon sang ce qu’il pouvait haïr sa moitié humaine, responsable de toutes ces émotions désagréables ! Pourquoi l’idée même d’une nouvelle rencontre avec Henry lui faisait-elle cet effet ? Probablement parce que cela faisait longtemps qu’une personne ne lui avait pas prêté tant d’attention, pas parce qu’il était le roi du royaume souterrain, ni parce qu’il était riche, mais juste pour celui qu’il était. Ou tout du moins… celui qu’Henry pensait qu’il était. Il était bien évidemment hors de question de lui révéler sa véritable nature.

Leur première nuit s’était pourtant voulue sans lendemain. La rencontre fortuite de deux âmes esseulées au hasard d’un bar perdu… Mais à San Francisco, rien n’était jamais laissé au hasard, et les voies du Destin étaient souvent bien impénétrables. Aspen n’avait réalisé que bien trop tard qu’il avait face à lui un sorcier à l’incroyable énergie magique. En d’autres circonstances, ils auraient probablement dû être des ennemis mortels. Mais après tant de verres et quelques baisers volés… il était trop tard pour faire demi-tour. Alors il avait fait le choix de taire ses instincts les plus violents, de réduire au silence sa nature démoniaque qui faisait bouillir le sang dans ses veines. Pour Henry, il avait endossé un nouveau visage, celui d’un sorcier comme les autres. Un sorcier qu’il n’était jamais censé revoir.

Mais Aspen avait craqué. Après une semaine de silence, il s’était finalement fendu d’un rapide message écrit à la main, envoyé à Henry dans un nuage de fumée par un sort enflammé à défaut d’avoir son numéro de téléphone. « Retrouve-moi au Delancey à 21h. » Pas d’explication, et pas de signature. Peut-être simplement parce qu’il essayait de se convaincre que tout ça n’avait rien à voir avec son attirance pour l’autre homme, au fond. Henry était un sorcier puissant, et il avait besoin de personnes comme lui dans ses rangs, surtout pour faire face à la mystérieuse nouvelle menace qui faisait trembler la terre ces derniers temps. Mais le Delancey, ce restaurant étoilé à ciel ouvert situé au sommet d’une colline du Presidio et avec une vue plongeante sur le Golden Gate bridge, criait le contraire. Aspen roula des yeux face à sa propre stupidité. Il fit signe au serveur de lui apporter un scotch, qu’il avala d’un coup sec, à la recherche d’une forme de courage liquide qui lui permettrait de mieux appréhender la soirée qui s’annonçait.

AVENGEDINCHAINS

J'avais passé la journée entière à l'école de magie et la nuit était désormais tombée sur San Francisco. J'avais dû étudier des dossiers, créer les plannings et répartir des groupes d'élèves dans différentes classes pour la rentrée scolaire qui aurait bientôt lieu. Une bonne grosse journée de merde en soit. La rentrée était sûrement le jour de l'année que je préférai, voir toutes ces nouvelles têtes, voir leurs pouvoirs, connaître leurs capacités et leur apprendre à les utiliser … c'était excitant et j'avais hâte de voir de quoi étaient capables les nouveaux venus. J'avais déjà jalousé quelques élèves pour leurs dons que je convoitai beaucoup pour certains et si j'avais eu les moyens de le faire, je le leur aurai probablement dérobé pour mon propre compte.

Bouclant les derniers détails, je m'apprêtai ensuite à me téléporter à l'aide d'une formule jusqu'à chez moi mais une boule de feu sortie du néant cracha un morceau de papier qui tomba du ciel. Je l'attrapai d'une main et le dépliai. « Retrouve-moi au Delancey à 21h. » Rien d'autre, pas même une foutue signature. Je n'avais aucune idée du destinataire mais je comptai bien m'y rendre, ma curiosité étant bien trop forte. Je connaissais ce restaurant de nom mais n'avais jamais eu l'occasion d'y aller encore, ce n'était pas du tout le genre d'endroit où l'on pouvait me trouver habituellement. Cet endroit était de toute évidence fais pour les couples. Ce rendez-vous m'avait tout l'air d'un rencard mais il pouvait également s'agir d'un piège et par mesure de précautions, j'emportai quelques fioles de potions que j'avais dans mon bureau avec moi. Une potion de sommeil, du feu en bouteille et une autre d'invisibilité, de quoi pouvoir parer plusieurs situations au cas où ça tournerait mal.

Je me téléportai dans mon appartement dans le centre-ville et me changeai en vitesse, enfilant un jean noir ainsi qu'une chemise blanche que je déboutonnai quelque peu pour laisser entrevoir un léger bout de torse. Un peu de cire dans les cheveux, la gourmette de ma mère que j'avais fais agrandir après sa mort, le téléphone, les clés de voiture et j'étais fin prêt pour ce mystérieux rendez-vous que j'appréhendai un peu je dois bien l'avouer. J'arrivai sur les lieux et scrutai les personnes présentes ne sachant même pas qui je devais chercher, la boule au ventre. Je repérai le bar dans l'entrée et décidai instinctivement de m'y rendre pour commander un verre de tequila. Suffisamment visible pour que le destinataire du mot puisse me voir, je bu mon verre d'une traite avant de continuer mon inspection des clients, espérant en reconnaître un.

« Aspen ? » Lâchai-je en reconnaissant l'homme non loin de moi qui avalait un verre aussi vite que moi. Je m'approchai de lui. « Qu'est-ce que tu fais là ? » J'avais rencontré le sorcier une semaine plus tôt et on avait plutôt bien accroché d'ailleurs, passant la nuit ensemble après quelques verres. Une simple histoire d'un soir avec un homme canon comme j'en avais eu de nombreuses, jamais je n'aurai pensé le revoir un jour mais pourtant il était là face à moi. Cette histoire d'un soir pourrait peut-être se transformer en histoire de deux nuits qui sait. Je tiltai enfin. « Attends, c'est toi qui m'a envoyé ce mot ? » Lui demandai-je en étant presque sûr de la réponse.

Henry & Aspen

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Alors qu’il reposait son verre de scotch, Aspen manqua d’avaler de travers en entendant une voix qu’il n’avait cessé de se repasser à l’esprit depuis plusieurs jours. Il se composa un sourire de circonstance, aimable et chaud. Un masque de plus pour le monarque sanguinaire. « Bonsoir, Henry. » L’hybride se leva pour aller à la rencontre du sorcier qui venait de le trouver, et s’arrêta à mi-chemin, ne sachant pas comment le saluer. Une poignée de main virile semblait bien impersonnelle et trop formelle, mais un baiser d’entrée de jeu paraissait bien trop intime étant donnée leur relation pour le moment fugace. Il se rabattit sur une accolade rapide, caressant du bout des doigts les omoplates musclées du sorcier.

Quand Henry lui demanda ce qu’il faisait là, Aspen fit teinter ses glaçons dans son verre désormais vide. « La même chose que toi on dirait… » répondit-il d’un air joueur, en pointant leurs verres. « Je t’en commande un nouveau ? » D’un geste autoritaire, il fit signe à un serveur de venir s’occuper d’eux. Prétendant ne pas bien entendre la question d’Henry sur le fameux message brûlant qu’il lui avait envoyé, Aspen décida de jouer les imbéciles, un rictus amusé aux coins des lèvres traduisant son évidente culpabilité. « Un mot ? Quel mot ? » Il haussa les épaules, le regard charmeur et enjoué. En temps normal, ce genre de simagrées dignes d’un adolescent en manque d’attention aurait eu le don de lui faire perdre toute patience. Mais avec Henry, les choses semblaient différentes. Il lui donnait goût à ces instants gênants, réveillait en lui une volonté de conquête qui – pour une fois – n’avait pas vocation à se terminer dans la souffrance et le sang.

Réajustant sa veste taillée sur-mesure, il désigna du doigt la table à laquelle il était précédemment installé, un peu à l’écart des autres clients de l’endroit. « Mais puisque tu es là… Te joindrais-tu à moi pour un repas et quelques verres de vin ? » En parfait gentleman, il lui tira la chaise et l’invita à prendre place. Être élevé en Enfer n’empêchait pas d’apprendre les politesses élémentaires et la sophistication de la haute société humaine. Il alla jusqu’à glisser à l’oreille d’Henry : « Il parait que le nouveau sommelier est un vrai cadeau du ciel. Pas que j’y sois déjà allé, pour ma part. », accompagné d’un clin d’œil joueur avant de s’installer face à lui. « Comment vas-tu ? Ta semaine s’est bien passée ? »

Il fit à nouveau signe au serveur, cette fois-ci pour l’invectiver à lancer la cuisson des plats qu’Aspen avait déjà commandé pour eux. Rien n’était laissé au hasard dans l’attitude et les choix du businessman. « Au fait, je ne crois pas que tu m’aies dit ce que tu fais dans la vie, si ce n’est pas trop indiscret ? » demanda-t-il innocemment alors qu’il savait pertinemment avoir face à lui l’actuel directeur de l’école de magie. Ses petits espions lui avaient rapportés cette information, confirmant à quel point se mettre Henry dans la poche était une nécessité stratégique.

AVENGEDINCHAINS

Il me prit dans ses bras pour me saluer et je profitai de ce moment que j'aurai voulu faire durer un peu plus longtemps, passant mes mains autour de son corps pour le serrer légèrement. Hélas pour moi, ce moment fut très bref et voilà qu'il me proposait déjà un nouveau verre. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais pour la soirée comme pouvait en témoigner les fioles de potions dans mes poches mais qu'importe, je comptai bien profiter du fait d'être tombé sur lui du mieux que je le pouvais et quoi de mieux qu'un peu d'alcool pour se mettre à l'aise et renouveler notre nuit passée ensemble ? « Ah ? Tu bois pour faire passer une boule au ventre toi aussi ? » lâchai-je en riant doucement, un peu gêné d'avoir dis ça. « Volontiers merci. » Même s'il affirmait le contraire, je savais pertinemment que ce mot venait de lui mais peut-être était-il trop gêné pour me le dire. Après tout, on était d'accord pour que notre aventure soit sans lendemain et là, il m'invitait dans un restaurant qui aurait pu être le lieu de tournage d'un film à l'eau de rose ou l'un des deux protagonistes ferait sa demande en mariage devant l'une des plus belles vues de la ville avant d'embrasser sa promise sous le ciel étoilé. Quoi qu'il en soit, je lâchai un léger rire lorsqu'il fit l'étonné. Je recevais un mot par magie et tombais ensuite sur lui l'air de rien à l'endroit et à l'heure du rendez-vous, ce n'était pas une coïncidence.

« Avec plaisir ! Je m'attendais à tomber dans un piège et à devoir me battre alors un dîner avec toi, je dis oui tout de suite. » Aspen tira ensuite ma chaise pour que je m'assois et je me prêtai au jeu, le laissant jouer les gentleman même si c'était bien la première fois que quelqu'un me faisait ça. Je dois avouer que c'était assez attirant comme comportement mais cela me faisait me poser quelques questions quant à ma présence en ces lieux. Est-ce qu'il comptait me demander en mariage ce soir ? Je riais intérieurement à mes propres pensées alors qu'il me parlait du sommelier. « Qui sait, peut-être que moi oui. » lui répondis-je avant de percuter que j'avais compris de travers le sens de sa phrase. « Ah tu parlais d'être allé au ciel … autant pour moi, j'ai l'esprit très mal tourné ce soir ... » Voilà que je me mettais maintenant à rougir et ça devait clairement se voir. Je ne me rendais même pas compte que mon pouvoir se déclenchait sous le coup de l'émotion et de la bouffée de chaleur qui m'avait envahie, changeant mon apparence aux yeux d'Aspen pour celui d'un homme que je n'avais jamais vu d'ailleurs. Ce n'est qu'en voyant mes mains qui n'étaient pas les miennes que je le compris, me concentrant vivement pour reprendre ma vraie apparence. Heureusement que notre table était légèrement à l'écart de la foule. « Désolé pour ça. » Pour un professeur qui enseignait aux jeunes à maîtriser leurs pouvoirs, c'était assez gênant de ne pas réussir à contrôler les siens … Je ne savais faire ça que depuis peu et j'avais encore un peu de mal à l'empêcher de se manifester. D'autant que j'ignorai totalement de quelle manière il fonctionnait mais ce dont j'étais sûr c'est que le résultat ne dépendait pas de moi mais des gens autour de moi, comme si je pouvais deviner leurs envies et en prendre l'apparence. A moins de vouloir coucher avec tout le monde je ne voyais pas l'utilité d'un tel pouvoir mais bon, il faudrait bien faire avec.

« Ma semaine ? Très longue et merdique, je l'ai passé isolé dans mon bureau à remplir de la paperasse, organiser des emplois du temps et j'en passe. Rien de bien excitant en sommes. La dernière chose excitante qui me soit arrivée étant toi. » lui avouai-je en lui faisant un clin d’œil. C'était vrai, entre notre dernière rencontre et celle-là, tout ce que j'avais fais c'est travailler et dormir. Accessoirement en buvant quelques verres de temps à autre mais ça s'arrêtait là. « Et toi alors ta semaine ? »

« Il faut dire qu'entre l'alcool et les gémissements on a pas vraiment parlé la semaine dernière ... » Lâchai-je avec un sourire coquin tandis que mon doigt caressait le bord de mon verre. Est-ce que je repensai à cette folle nuit ? Oh que oui et pas qu'un peu, je peux vous garantir que ce que j'avais dans la tête à cet instant était un vrai film pour adultes. *Allez, concentres-toi un peu Henry.* « Je suis le directeur de l'école de magie et professeur en maîtrise de pouvoirs. Un seul métier ça ne me suffisait pas de toute évidence. Et toi qu'est-ce que tu fais dans la vie ? En dehors de jouer les parfaits gentlemen ? » Il est vrai qu'au final, j'en savais très peu sur lui en dehors du fait qu'il était un sorcier et qu'il s'appelait Aspen, c'est les uniques informations que j'avais eu et les seules que j'avais eu besoin d'avoir lors de notre rencontre d'ailleurs. Oui, il m'en fallait peu pour partager mon lit avec quelqu'un.

J'haussai un sourcil lorsqu'il fit signe au serveur, comme si il avait déjà commandé quelque chose à l'avance, sûr que je répondrai présent à son invitation. « Je vois que tu as déjà tout prévu pour ce soir. » Je fis un signe en direction du serveur pour imager ma phrase. « Dis moi, pourquoi cette invitation ? La nuit passé avec moi t'as retourné la tête et tu comptes me faire ta demande ce soir ? » Blaguai-je en regardant le nombre de couples assis à table autour de nous. « Il faut que tu saches que je ne suis pas épilé ... » m'esclaffai-je. Lorsque j'étais nerveux je blaguai beaucoup, c'était comme ça.

Henry & Aspen

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Les yeux rivés sur Henry, Aspen retint un petit ricanement sinistre quand il lui avoua sur le ton de la plaisanterie avoir craint de tomber dans un piège en venant à sa rencontre. S’il savait ! L’hybride arqua un sourcil amusé et se contenta de répondre : « T’inquiète pas, je n’ai rien du grand méchant loup. » Tant d’ironie en si peu de propos manquèrent de le faire sourire jusqu’aux oreilles. Heureusement, il trouva bien rapidement une raison de laisser éclater le rire qui lui pendait aux lèvres lorsqu’Henry mentionna le sommelier. De toute évidence, il avait eu une interprétation très salace des paroles d’Aspen, ce qui en disait long sur ce qui se passait dans son esprit. Le grand brun lui adressa un clin d’œil quand Henry avoua qu’il avait l’esprit mal placé ce soir. « Pas que ce soir, d’après ce dont je me souviens. » Son regard se fit chaud et séducteur. Les instants les plus intimes partagés par les deux hommes avaient de quoi rendre jaloux la plupart des habitants de la ville.

C’est à ce moment qu’une étrange magie sembla s’emparer du corps d’Henry. L’espace d’un instant fugace, Aspen crût apercevoir face à lui un visage enfoui dans son passé, auquel il n’avait plus pensé depuis si longtemps qu’il espérait secrètement l’avoir oublié. Les traits d’Henry semblaient s’étirer, reproduire ceux d’un chef de clan ennemi à qui Aspen avait dû arracher le cœur, à 17 ans à peine, sous les ordres de sa mère adoptive. C’était la seule personne pour qui il avait jamais ressenti le moindre sentiment, et à ce titre, la seule personne capable de le rendre faible. La sentence de sa mère avait été irrévocable, et il avait fallu couper le mal à la racine avant que la situation ne s’envenime. La main d’Aspen s’était discrètement saisie du couteau à viande posé à côté de son assiette et le serrait dans sa main à s’en faire blanchir les jointures. Il faisait de son mieux pour garder un visage détaché et affable, mais se tenait prêt à égorger le chef de clan s’il s’avérait être autre chose qu’une hallucination.

Le temps de cligner des yeux et le visage d’Henry était revenu. Aspen sentit ses muscles se relâcher et il avala une gorgée de son verre pour reprendre contenance, faisant mine de rien. « Qu’est-ce que c’était ? » demanda-t-il d'un air faussement détaché sur le ton de la conversation, comme s’il ne s’agissait pas là d’un terrible affront. Est-ce que tu es dans ma tête ? se mit-il à penser très fort, cherchant à détecter si Henry était un télépathe qui se jouait de ses souvenirs, mais il ne trouva rien dans les yeux de son rencard trahissant ce secret.

Il fallait qu’il se détende et reprenne au plus vite son attitude de rendez-vous parfait. Tâchant toujours de dissimuler au mieux son malaise, il écouta Henry lui raconter sa semaine avec un sourire avenant, jusqu’à ce qu’il lui fasse remarquer qu’ils n’avaient pas beaucoup parlé lors de leur première rencontre. « Tu sais ce qu’on dit, les actions parlent plus que les mots ! J'essayais juste de te parler aussi... fort... que possible. » Nouveau clin d’œil amusé, nouveau sourire séducteur. Aspen était pleinement de retour dans son personnage, et Henry enchaina sur son métier. Même si la Source n’était pas sans ignorer la moindre de ces informations, il feignit un air surpris et admiratif, levant son verre en guise d'approbation. « Rien que ça ! J’ignorais diner avec un académicien d’un tel calibre, c’est très impressionnant. Pour ma part, je ne fais rien qui touche au monde magique. » Ah, l’ironie de ces paroles lorsque l’on est le monarque du royaume souterrain… « Je gère un petit fonds d’investissements en ville. Tu as déjà entendu parler de Buckland, la salle des ventes ? Je l’ai rachetée récemment, et je m’occupe de son management pendant cette période de transition. L’art est une de mes passions. »

Le serveur était de retour, cette fois-ci pour leur apporter une flute de champagne chacun et une petite assiette d’amuse-bouches raffinés. Henry cherchait de nouveau à obtenir des explications sur ce rendez-vous bien mystérieux, et Aspen fit glisser délicatement son pied contre celui de son date pour joindre l’acte à la parole. « Hé bien, pourquoi pas ? Nous avons passé un bon moment, et la bonne compagnie se fait rare dans cette ville. Pourquoi ne pas étendre un peu cette connexion que nous avons et voir si elle nous mène au même endroit que la dernière fois ? » A savoir, dans des draps de satin. Sauf qu’Henry n’était apparemment pas épilé, ce qui arracha un rire amusé à Aspen. « Je suppose que je vais devoir faire avec, dans ce cas » se contenta-t-il de répondre chaudement en se léchant un coin des lèvres comme un fauve prêt à festoyer.

Il attrapa son verre de champagne pour distraire son esprit de ses pensées perverses. « Trinquons. A cette belle soirée qui ne fait que commencer. Et à tes yeux magnifiques. » Une gorgée et un amuse-bouche avalés plus tard, Aspen était prêt à entrer dans le vif du sujet. « Alors dis-moi. Comment un homme de moins de 100 ans s’est retrouvé à la tête d’une si prestigieuse institution ? C’est pas le genre de boulot que les Fondateurs ne donnent qu’à un vieil être de lumière poussiéreux ça ? » Il haussa les épaules, sourire aux lèvres, et ajouta d’un air faussement suspicieux : « Ça cache un incroyable pouvoir ou des relations très impressionnantes… Je sens que tu ne me dis pas tout ! »

AVENGEDINCHAINS

« Oh ça, juste un nouveau pouvoir que j'ai pas encore appris à maîtriser et que je ne comprends pas bien pour tout te dire. » Rétorquai-je à sa question sur mon changement brutal d'apparence. J'espérai que je n'avais pas pris l'apparence de quelqu'un qu'il souhaitait oublier et que je n'avais pas jeté un froid à notre rendez-vous qui était pour l'instant parfait... Oui les actions parlaient plus que de simples mots c'était certain et dans cette conversation, c'est nos corps qui s'étaient exprimés lors de cette folle nuit passée ensemble. J'esquissai un sourire gêné lorsqu'il parla de la force qu'il avait mis et manquais d'avaler de travers le contenu de mon verre.

Nous échangeâmes ensuite sur nos métiers respectifs et il m'avoua avoir racheté Buckland que je connaissais de nom tant ma mère m'en avait parlé lorsque j'étais plus jeune. J'écarquillai les yeux, surpris par cette nouvelle. Il devait être riche et je mentirai si je disais que cela ne le rendait pas plus attirant. Si c'était possible bien sûr. C'était là-bas que ma tante décédée longtemps avant ma naissance travaillait autrefois mais je n'y avais jamais mis les pieds, l'art ce n'était pas pour moi. Le seul art qui m'avait un jour intéressé, c'est lorsque j'avais enduis mon corps nu de peinture avec une connaissance pour nous amuser pendant l'acte. Très abstrait comme résultat de peinture mais j'avais beaucoup aimé faire ça. « Pas de quoi être impressionné, crois-moi. Tu as de la chance, il y a parfois un peu trop de magie dans ma vie. » Un peu de normalité ne m'aurait pas déplu et c'est pourquoi ce rendez-vous en très plaisante compagnie me faisait beaucoup de bien. Ca changeait de l'école de magie, du boulot de professeur de pouvoirs, de chasseur de démons et de sauveteur des innocents. « Tu l'as racheté ? Et c'est moi qui t'impressionnes ? Je connais de nom, l'une de mes tantes y travaillait avant mais ça remonte à avant ma naissance. » lui répondis-je avant de reprendre pour ne pas m'attarder sur ma tante et le décès de tous les parents présents dans ma famille. « Tu préfères quel type d'art, les peintures, les sculptures ? » Ouais mes connaissances de l'art se limitait à ces deux choses seulement, ça ne volait pas très haut.

Le serveur arriva ensuite avec du champagne et des amuse-bouches. Je ne m'attendais pas à boire ce genre d'alcool que je ne buvais que les jours de fêtes mais je n'allai pas m'en plaindre. Aspen voulait de toute évidence que cette soirée frôle la perfection et il allait y parvenir à cette allure là. Lâchant un sourire au serveur pour le remercier, je fus stoppé net lorsque le pieds du brun me toucha sous la table et je l'écoutai me faire ses avances qui me firent légèrement rougir tandis que je souriais comme un benêt, parcouru par une vague d'excitation lorsqu'il se lécha les lèvres. « Continues comme ça et ça te mènera bien plus loin que la dernière fois crois-moi. » Un regard joueur, un sourire presque carnassier affiché tandis que je le dévorai des yeux. Non mais pire qu'une lycéenne en chaleur j'vous jure.

Aspen leva son verre et je fis de même pour trinquer à cette soirée avant de boire une gorgée du liquide doré. « Je trinque à toi pour cette soirée parfaite. » Une autre gorgée d'alcool accompagné d'une bouchée puis je déboutonnai un bouton de ma chemise discrètement. « Flatteur, tu sais comment parvenir à tes fins toi. » Je marquai une courte pause. « Il fait un peu chaud non ? » Probable que cette chaleur émanait directement de Aspen et que je sois le seul à avoir ses bouffées de chaleur.

Il chercha à en savoir plus sur l'obtention de mon travail de directeur et fut intrigué par les pouvoirs que je pouvais posséder et sur le piston qui m'avait permis d'avoir le poste. Il est vrai qu'en temps normal ils ne donnaient pas le poste à un simple sorcier d'une trentaine d'années et je savais que c'était grâce à ma mère et a la réputation de ma famille que j'avais réussi à l'avoir néanmoins, je me donnais à fond pour prouver à tous que j'en étais digne, non pas pour mon lignage mais pour mes compétences en matière de magie. « Pas de pouvoirs incroyables non, sauf si tu veux t'envoyer en l'air là je peux t'aider. Ils ne cessent d'accroître du coup je n'en contrôle pas la moitié... » Je lâchai un petit sourire, il n'y avait qu'à voir ce qui était arrivé quelques minutes auparavant pour comprendre. « Ma mère en était la directrice avant et du fait de la réputation de ma famille au sein du monde magique, je pense que ça a beaucoup joué dans l'obtention du poste. Je suis persuadé que je ne le méritai pas sur le moment mais depuis je fais tout pour prouver que j'en suis digne et je me tue au travail pour ça. » Je pris une infime gorgée supplémentaire de champagne avant de reprendre. « Voilà tu sais tout. » Presque tout du moins car je n'avais pas mentionné mon autre nom de famille. Dans le monde magique lorsque l'on entendait le nom de Mitchell, les créatures ne captaient pas qu'il s'agissait d'une branche de la famille Halliwell et c'était tant mieux. « Et toi, comment un homme aussi jeune peut avoir les moyens de racheter Buckland et de dîner dans ce genre de restaurant ? » lui demandai-je à mon tour, histoire que la conversation ne tourne pas qu'autour de moi. Il ne manquait plus qu'il me dise qu'il s'agissait d'un héritage familial pour que j'aille me jeter par le balcon, mort de honte.

Henry & Aspen

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Aspen n’était pas du genre à s’étendre sur ses activités humaines lors de ses conversations. La plupart de ses fréquentations étant démoniaques, ce genre de sujet ne leur paraissait pas particulièrement impressionnant, et encore moins intéressant. Il fut donc agréablement surpris de sentir l’intérêt d’Henry se lier autour de ce sujet pendant leurs échanges. Il avala une dernière gorgée de champagne et reprit : « Dommage que ta tante n’y travaille plus, j’ai besoin de gens de confiance pour renforcer certaines de mes équipes. Si elle est ne serait-ce qu’à moitié aussi intelligente que toi, j’aurais été entre de bonnes mains. » Et si l’art était une de ses passions, peut-être l’avait-elle transmise au reste de sa famille. Du moins, c’est ce qu’Aspen espérait jusqu’à ce que Henry formule sa question suivante, lui demandant s’il préférait la peinture ou la sculpture. Les lèvres du businessman se fendirent d’un sourire face à cette interrogation plutôt simplette.

De toute évidence, ce n’était pas le moment de lui faire une dissertation sur l’impact du mouvement fauviste qui le passionnait tant par la brutalité de ses couleurs et techniques. Il haussa les épaules, se contentant de répondre : « Je suis spécialisé en art abstrait. C’est d’ailleurs là qu’il y a le plus d’argent à se faire, de nos jours. La plupart du grand public n’y connait rien, y compris certains acheteurs. Des horreurs peuvent se vendre pour des millions… Et ce genre de grosses transactions, c’est bon pour Buckland ! Pardon, je sais que parler business pendant un rendez-vous galant devrait être interdit. Mais je sais comment me faire pardonner. Je connais une galerie très sympa, près de North Beach, avec des œuvres d’artistes qui montent en ce moment. Le galeriste me doit une faveur, ça te dirait une petite visite privée un de ces quatre ? »

Le pied d’Aspen continuait de caresser celui d’Henry, trahissant l’envie de contact physique poussé qui semblait faire vibrer tout son être. Henry y semblait plus que réceptif, l’encourageant dans ses manœuvres. Le serveur passa rapidement pour les débarrasser, donnant tout le loisir au PDG de faire remonter de plus en plus haut ses caresses sur le mollet d’Henry. « Qui sait, si tout se passe bien pendant ce repas, peut-être qu’on pourra sauter le dessert… » Un clin d'oeil joueur plus tard, voilà qu’Henry faisait sauter un bouton supplémentaire de sa chemine, faisant sourire Aspen comme un carnassier affamé. Son date se plaignait d’avoir trop chaud, et lui se retint de faire une blague vaseuse sur le fait que c’était probablement lié au feu qui s’échappait de son cul. « Si tu veux enlever des vêtements pour être plus à l’aise, surtout ne te gêne pas. Je ne voudrais pas que tu fasses un malaise… »

Les assiettes du repas leur furent alors servies. Aspen avait commandé deux belles pièces de viande cuites à la truffe noire, une spécialité du chef qui valait à elle-seule une petite fortune. Ils commencèrent à manger pendant qu’Henry répondait à ses interrogations sur l’école de magie, lui glissant au passage que ses pouvoirs résidaient principalement dans sa capacité à s’envoyer en l’air. « Il me semblait bien que certaines de tes prouesses de la dernière fois étaient surnaturelles. » plaisanta Aspen, le regard chaud. Il avait bien été étonné par la souplesse de certaines de ses positions acrobatiques, il fallait bien l’avouer. Puis il haussa les épaules quand le beau blond lui demanda à demi-mots d’où venait sa fortune. « Mon père était un avocat assez en demande en son temps donc je ne suis pas parti de zéro. J’ai fait une business school, j’ai appris à faire fructifier ce capital… et voilà où j’en suis aujourd’hui. » Il planta son regard de requin dans celui d’Henry, avalant une grande pièce de viande fondante et saignante. « J’aime conquérir de nouveaux horizons, me battre chaque jour pour faire de nouvelles acquisitions. » Henry en ferait-il parti ? Avec son emploi, sa puissance et son physique, il remplissait tous les facteurs d’attirance d’Aspen, lui donnant plus que jamais envie de prendre possession de lui.

Mais certains mots sur son lignage magique qu’il avait survolé précédemment lui revinrent alors en mémoire. 'Ma mère en était la directrice avant' ; 'la réputation de ma famille au sein du monde magique'… Les pièces du puzzle semblaient soudain s’assembler. « Attends, attends… » Il reposa ses couverts, incrédule. « Ta mère… C’est Paige Matthews ? » Se pouvait-il qu’Henry soit le rejeton que sa tante avait décidé d’adopter avant d’avoir les jumelles ?! S’il était habituellement un homme difficile à surprendre, Aspen était bien forcé d’avouer que celle-ci, il ne l’avait pas vu venir.

AVENGEDINCHAINS

J'étais rarement vu comme quelqu'un d'intelligent alors ce compliment me touchait. J'avais souvent tendance à blaguer et agir comme un grand gamin alors les gens ne s'imaginaient pas une seule seconde qu'il puisse y avoir autre chose que de la connerie dans ma tête. Aspen voyait plus loin que ça, lui. Je manquai de le reprendre pour lui dire qu'elle était décédée depuis longtemps mais préférai ne rien dire pour éviter de jeter un froid dans notre conversation. Ce n'était pas le bon moment pour parler de la mort avec une si belle soirée en prévision. Il me parla de son métier et je le regardai fixement, plongé dans son regard avec fascination, le simple son de sa voix m'hypnotisant totalement tandis que je me laissai aller à quelques pensées perverses de plus, le nez plongé dans ma flûte de champagne. « Ne t'excuses pas ça m'intéresse d'en savoir plus sur ton travail... et sur tout ce qui fait que tu es, toi. Bien sûr que ça me tente, pour toi je suis disponible quand tu veux. » Pour un simple plan d'un soir, trois rendez-vous ça commençait à être beaucoup mais qu'importe, j'avais envie de passer du temps avec lui. Il était d'excellente compagnie et très agréable à regarder alors pourquoi refuser ?

Je sentais le pied de l'homme remonter le long de mon mollet, me faisant violence pour ne pas céder à toutes mes pulsions et l'attraper pour le mettre sur la table, là, devant tout le monde. Je commençai à avoir chaud, très chaud même. Ses paroles et ses actes n'aidaient pas du tout, bien au contraire car on aurait dis que c'est ce qu'il cherchait à obtenir, c'était parfaitement clair et il n'aurait aucun mal à l'avoir tant j'étais attiré par lui. « Je te laisserai le soin de me les enlever toi-même. » lui lançai-je en me mordillant légèrement la lèvre inférieure. « On peut sauter ce que tu souhaites. » ajoutai-je ensuite avec un haussement de sourcil pas du tout explicite pendant que le serveur assistait à la scène en déposant nos assiettes de viande qui me mettait l'eau à la bouche autant qu'Aspen le faisait.

Je croisai ma jambe libre par dessus l'autre pour effleurer l'intérieur de la cuisse du brun tandis que je le regardai avec un petit air joueur. S'il voulait me faire céder, je pouvais le faire céder encore plus vite. Je découpai un morceau de viande que je portai à ma bouche tel le carnivore que j'étais et manquai de m'étouffer avec lorsqu'il parla de mes prouesses. Aucune magie là-dedans, du moins pas à ce moment là. Car oui, il ignorait que j'avais -légèrement- accentué les effets de l'alcool dans son organisme pour arriver à mes fins beaucoup plus vite dès le premier contact que l'on avait établi. Je ne lui révélerai probablement pas cette information il pouvait très mal le prendre.

Il me raconta comment il en était arrivé là et je n'en fus que plus admiratif de savoir que c'était grâce à ses compétences et à son travail qu'il y était parvenu, pas comme d'autres à qui c'était tombé tout cuit dans la bouche. Non, ce n'est pas à moi que je fais allusion. Dans mon cas disons que c'est tombé à moitié cuit. « Et avec tout ça c'est moi qui t'impressiones ? » lui lançai-je, ma mine réjouie disparaissant bien vite alors que je fronçai les sourcils. « J'espère que tu ne me vois pas comme une nouvelle chose à posséder ? » ajoutai-je presque immédiatement en plaisantant … à moitié. Non, bien sûr que non j'étais encore entrain de me faire un film.

J'écarquillai les yeux, troublé alors que je cessai mes caresses sur sa cuisse lorsqu'il évoqua le prénom de ma mère et retenu ma tristesse qui pouvait pourtant se voir l'espace d'un instant. Elle qui nous avait quitté bien trop tôt. J'avais à de nombreuses reprises essayé de communiquer avec elle ou de la revoir mais mes tentatives avaient toujours échoué malheureusement. J'avais même tenté une résurrection tout aussi inutile et avait été puni par les fondateurs pour ça, ces derniers bridant temporairement mes pouvoirs. Une véritable bande d'enfoirés ceux-là. S'ils œuvraient vraiment pour le bien, pourquoi n'avaient-ils pas autorisés exceptionnellement la résurrection du pouvoir des trois ? Je n'avais jamais compris. « Oui c'est bien elle … » Un demi-sourire rapide en coin alors que je regardai mon assiette, me perdant quelques instants dans mes souvenirs d'elle avant de me ressaisir. C'était il y a longtemps maintenant et c'était une chance car avant, je n'aurai jamais été capable de contenir mon chagrin quant à cette perte. Je le ressentais toujours bien sûr, même après quinze ans et le ressentirai à vie mais ce dernier s'était atténué avec les années, ou j'avais appris à vivre avec. « Tu l'as connue ? » Forcément, s'il m'en parlait. Crétin. Il pouvait aussi la connaître de réputation, comme le reste du monde magique. Une détentrice du pouvoir des trois ayant fais autant de bien autour d'elle ne pouvait qu'être connue de tous, j'espérai qu'un jour je puisse atteindre son niveau et changer le monde comme elle l'avait fais mais j'en étais encore bien loin. Je savais qu'il n'avait pas pu la rencontrer à l'école de magie car je n'avais retrouvé aucune trace de lui dans mes dossiers. Oui j'avais regardé dès le lendemain de notre rencontre. Un vrai psychopathe. « Me dit pas que ça a été ton être de lumière ? » ajoutai-je en souriant. C'était possible également après tout. Tout était possible d'ailleurs dans ce monde et c'était bien là qu'était le problème la plupart du temps.

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