And he said let there be light (Nash)

Les rayons du soleil traversaient la fenêtre de ma chambre pour venir m'éblouir de plein fouet, signe que la matinée était déjà bien avancée. C'était une sorte de réveil naturel qui m'avertissait lorsqu'il était dix heures et me poussait à me lever. Il ne fonctionnait bien sûr que les jours où le soleil était présent et même là, je réussissais à l'esquiver en mettant ma tête sous la couette et continuai de dormir. Cependant, ce matin je ne le ferai pas, il fallait que je me lève car je devais assister à un rendez-vous avec un futur élève et sa mère pour une inscription à l'école de magie dans deux petites heures. Entant que directeur, j'avais une image à préserver et je ne pouvais annuler sous prétexte de vouloir dormir encore un peu.

D'un saut plein de grâce, je sortais de mon lit en balayant le drap pour aller préparer un bol de café. Oui j'ai bien dis un bol, il me faut bien ça pour réussir à rester debout. Depuis quelques temps, j'avais beaucoup de mal à dormir entre la chaleur et les cauchemars que je faisais. Des scènes d'horreurs dans lesquelles il n'y avait que mort et désolation, de quoi vous donner des frissons je vous jure. J'ingurgitai mon café puis partais prendre une douche et me préparer avant de quitter l'appartement.

J'allai profiter du temps restant avant le rendez-vous pour me faire une petite balade dans la ville comme je le faisais habituellement. Une formule de téléportation me permettrait au dernier moment de me rendre à l'école de magie de toute façon alors j'avais un peu de temps. Me connaissant, je m'arrêterai probablement boire un nouveau café en terrasse et déguster un petit déjeuner au bout de quelques minutes.

Je déambulai dans les rues, profitant du soleil matinal en appréciant la légère brise fraîche quand je remarquai la présence d'un flash lumineux qui émana brièvement du poste de police et je m'arrêtai net, comprenant tout de suite de quoi il s'agissait. Nash. Un sorcier incapable de contrôler ses pouvoirs débridés et que je tâchai d'aider de mon mieux avec ses dons nouvellement retrouvés. Pas de doutes, ce n'était pas le flash d'un appareil photo ou alors je plains sérieusement la rétine du sujet qui avait dû devenir aveugle. Tant pis pour la petite balade tranquille, je me hâtai pour pénétrer dans le bâtiment lorsque je heurtai violemment l'homme en question qui semblait se diriger vers la sortie. J’attrapai ses épaules pour l'empêcher de tomber. « Nash. Est-ce que tout va bien ?  » lui demandai-je immédiatement sans même m'excuser pour le semi plaquage. « J'ai vu la lumière depuis la rue, c'était toi ?  » Comme une bonne cinquantaine de personnes d'ailleurs. J'étais déjà presque sûr de la réponse mais je pouvais me tromper.

Il aurait dû écouter son collègue, il aurait vraiment dû. Il n'était pas en état pour gérer ce genre de comportement, ce genre de stress. A vrai dire, depuis quelques mois, il n'était en état pour ne rien gérer. Sa vie n'était qu'un énorme foutoir et il semblait incapable d'y remettre de l'ordre. S'il savait que la perte de sa grand-mère allait être difficile à encaisser, il n'aurait jamais imaginé que ça aurait eu ces conséquences. Découvrir qu'on avait été manipulé pendant des années, que la personne en qui il avait le plus confiance lui avait menti pendant toutes ces années... Encore aujourd'hui, il avait dû mal à croire que tout ceci était vrai. Derrière cette image d'homme viril et musclé, il n'était en réalité qu'un petit garçon qui ne comprenait rien au chemin que prenait sa vie.

Il tentait pourtant de faire bonne figure, en omettant les aléas que provoquaient son corps. Il allait au boulot avec la boule au ventre. Il avait peur de se mettre à briller encore plus fort que le phare d'Alexandrie ou bien que le soleil en plein midi. Ou de devenir invisible. Il ne saurait pas quel est le pire. Il avait eu la chance d'avoir réussi à éviter ce genre d'incident. Jusqu'à ce matin. L'interrogatoire, c'était toujours un moment stressant même si les enquêteurs ne le montraient pas. C'était stressant car il fallait être efficace, il fallait déceler le point faible de celui ou celle qu'on interrogeait. C'était un exercice délicat qu'on apprenait à l'école de police. Nash était bon, il savait jouer autant le flic menaçant que compréhensif. Il était doué. Mais il avait l'impression que ses pouvoirs lui avaient pris tout son talent.

Le gars en face de lui était soupçonné d'avoir tué plusieurs femmes. Les preuves trouvées sur les scènes du crime, le mode opératoire concordait avec le profil du suspect. Mais il fallait lui faire cracher le morceau. Mais ça s'annonçait difficile. Et ça l'était. Manipulateur, provocateur... C'était une véritable tête à claque. Et Nash s'était laissé gagné par l'émotion. Et si en tant normal, un être humain en viendrait au main, il avait senti une vague d'émotion l'envahir. Et il comprit tout de suite ce qui arrivait. Il était sorti en courant, sous le regard interloqué de son collègue et il avait eu juste le temps de rentrer dans son bureau  que son corps s'illumina. Un violent flash, comme celui d'un éclair foudroyant le ciel ou d'un appareil photo.

Le souffle court, il crut que c'était terminé mais ses mains étaient illuminées. C'était comme si elles étaient en train de se charger avant de lancer un nouveau flash. Il devait s'enfuir et vite. Très vite. Et au vu de la tête de ses collègues, son flash n'était pas passé inaperçu. Il fallait agir et vite. Il se précipita, les mains luisantes dans les poches et il entra en collision avec quelqu'un. Il n'avait pas le temps de s'excuser. Mais celui-ci l'attrapa par les épaules. Il reconnût tout de suite Henry et les yeux paniqués de Nash rencontra le regard soucieux du blond. « Je.. Non, il faut qu'on sorte. Vite.  » Il ne répondit pas à la deuxième question et se précipita dans la rue. Il sentit de nouveau la même sensation le gagner, cet afflux d'énergie. Il se précipita dans l'allée longeant le commissariat et il sortit ses mains. De nouveau un violent flash se dégagea de ses mains et Nash ferma les yeux.

« Je contrôle rien. Je sens que ça va revenir. » Il se tourna vers le blond, paniqué. Mais pourquoi il n'arrivait pas à se retenir ? Pourquoi n'arrivait-il pas à contrôler ses pouvoirs ? Pourquoi avait-il ses maudits pouvoirs ? Pourquoi ne pouvait-il pas redevenir normal ? Et sa peur, sa colère firent de nouveau luire ses mains. Il allait de nouveau relancer un flash lumineux...

Sans poser plus de questions lorsqu'il me dit qu'il fallait qu'il sorte rapidement, je le suivis dans l'allée et lâchai un grognement quand un nouveau flash lumineux sortit de ses mains. Mes doigts posés sur mes yeux ça y est, c'était officiel, j'étais devenu à moitié aveugle. Ma vision revenue peu à peu et je pu distinguer la silhouette de l'homme qui s'éclaircissait face à moi une fois ma rétine remise de cette agression lumineuse. « Une fois de plus et je perds la vue c'est sûr. » Il fallait qu'il se contrôle, c'était plus facile à dire qu'à faire certes mais à en juger par son regard, il avait peur et ce n'était pas avec ce genre d'émotion que ça s'arrangerait ou qu'il arriverait à quoi que ce soit. En effet, les pouvoirs étaient liés à nos émotions et la peur, le chagrin ou encore la colère pouvaient causer de sérieux dégâts. Il devait se détendre, penser à autre chose, respirer. Un tas de clichés mais qui pourtant fonctionnaient.

J'avais l'habitude des sorciers n'arrivant pas à contrôler leurs dons mais en général, ils étaient beaucoup plus jeunes, jamais je n'avais eu à faire à un sorcier de trente ans aux pouvoirs fraîchement débridés et je me doutais que du fait de son âge, il aurait un peu plus de mal à parvenir à les maîtriser aussi rapidement qu'un enfant ayant grandis avec l'aurait fais. « Regardes-moi. » lancai-je fermement en prenant son visage entre mes mains pour plonger mes yeux dans les siens avec insistance. « Respires, tout va bien se passer tu m'entends ? Tu vas surmonter tout ça, tu finiras par le contrôler avec le temps je te le promets. » Je tentai de le rassurer du mieux que je le pouvais, il fallait qu'il s'apaise pour que ses pouvoirs en fassent de même. Il fallait qu'il le fasse vite au vue de ses mains qui s'illuminaient encore. De la rue, le spectacle risquait d'être beau à voir pour les passants qui verraient leurs troisième faisceau de lumière de la matinée et qui ne tarderaient pas à venir jouer les petits curieux.

Il n'y avait plus une seconde à perdre si je voulais éviter que ce nouveau flash ne se manifeste et je n'avais aucune idée de quoi faire pour l'arrêter en si peu de temps. Ah si. Il y avait un truc à tenter, j'avais lu une étude qui en vantait les mérites et qui marchait aussi pour les crises de panique mais je n'avais jamais pu le mettre en pratique tant mes élèves étaient bien trop jeunes pour que je me permette un truc pareil. Sans réfléchir, je l'embrassai quelques secondes. Avec un peu de chance, ça le calmerait immédiatement car l'obligeant à penser à autre chose pour un bref moment. Il pourrait aussi très mal réagir et me mettre un coup de poings mais apparemment pour l'instant, ça fonctionnait donc c'était le principal dans cette histoire. « Désolé, je savais pas quoi faire d'autre pour te calmer. Je me suis souvenu avoir lu que ça pouvait marcher ... » Gêné, oui je l'étais. Je ne sais pas de quoi je devais avoir l'air avec mes idées à la con d'autant que ce n'était pas mon genre d'embrasser les sorciers pour les calmer et que je n'allai pas en faire une habitude même si je dois avouer que ça avait été assez agréable. «  Tu sens que ça recommences ? » lui demandai-je en espérant changer de sujet et mettre ce baiser derrière nous. Tout ce qui comptait pour l'instant, c'était ses pouvoirs qu'il fallait qu'il apprenne à contrôler mais pour ça, il allait d'abord devoir apprendre à se contrôler lui-même et à gérer ses émotions.